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Fiche technique :
Réalisation : Nicolas Philibert avec la complicité de la psychologue psychanalyste Linda de Zitter. Image : Nicolas Philibert. Son : Erik Ménard, François Abdelnour. Montage : Nicolas Philibert assisté de Janusz Baranek. Montage son et Mixage : Nathalie Vidal. Coproduction : TS Productions, France 3 cinéma, Longride. Distribution : Les Films du Losange.

Sur l’Adamant

France, 2023, 109min.

Mention spéciale du jury oecumenique Berlin 2023

Né en 1951, il entre en cinéma avec René Allio et Alain Tanner, puis co-réalise avec Gérard Mordillat La voix de son maître en 1978. Parmi ses documentaires: Le pays des sourds (1992), La moindre des choses (1996, clinique psychiatrique de La Borde), Etre et avoir (2001, vie quotidienne d’une école à classe unique), De chaque instant (2018, dans un Institut de formation de soins infirmiers. Sur l’Adamant a reçu l’Ours d’Or à la 73ème Berlinale.

Résumé :

L’Adamant est un Centre de jour unique en son genre qui fait partie du pôle psychiatrique Paris Centre : c’est un bâtiment flottant sur la Seine, en plein cÅ“ur de Paris qui accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui vise à favoriser et à maintenir l'autonomie et la vie sociale. L’équipe qui l’anime tente de résister à la déshumanisation de la psychiatrie.

Analyse :

Le film nous invite à monter à bord de cette moderne «nef des fous», pour aller à la rencontre des patients et des soignants qui en inventent jour après jour le quotidien. Il s’ouvre sur le rite matinal co-animé ce jour-là par un soignant et Muriel, une patiente : il s’agit de proposer à l’assemblée des présents un ordre du jour qui organise la journée, et d’accueillir avec bienveillance les «nouveaux». On ressent d’emblée que ces moments partagés sont fragiles, toujours susceptibles de déraper, et efficacement modérés par la vigilance attentive des soignants qu’aucun uniforme ne désigne. Il semble que le parti-pris du réalisateur soit de filmer au gré d’une improvisation maîtrisée, pour convier le spectateur à se laisser surprendre comme lui par l’exercice d’équilibrisme que donne à voir la parole offerte des passagers de l’Adamant. La caméra évolue souplement, et sans intention démonstrative, d’une réunion au salon bibliothèque à un face à face, où le patient exprime avec conviction, véhémence parfois, ce qui lui tient à coeur de faire savoir, pour revenir ensuite au déroulement d’un atelier thérapeutique médiatisé, centré sur une activité artistique ou des échanges informels… et le résultat est passionnant ! François cherche à convaincre la caméra, c’est à dire nous tous, que ce qui compte ici, pour ne pas sombrer, ce sont les médicaments, et il exaltera dans les minutes suivantes, avec la même passion, le rôle déterminant de la parole ; Frédéric perçoit avec une grande lucidité ce qui se passe sur l’Adamant et fascine son interlocuteur par le lien gourmand et quasi félin qu’il entretient avec son clavier électronique ; plus tard c’est une femme qui a vécu pour danser et supplie que la structure l’autorise à mettre en place un atelier de danse ou au moins de Qi Gong ; puis on revoit Muriel qui commente un de ses tableaux, exposé dans un lieu dédié ; plus loin un patient ravagé par un tic d’hilarité essaie de terminer sa phrase. C’est ainsi avec une grande émotion que, tout au long du film, nous regardons ce singulier îlot de psychiatrie, - «miroir grossissant de notre humanité» selon le mot du réalisateur -, qui considère les patients comme des sujets. 

Jean-Michel Zucker

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