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Archive des éditos

Edito : novembre 2023

Le cinéma et la guerre

En ces temps où la guerre sévit partout, nous ne pouvons ignorer la question des rapports entre la guerre et le cinéma : le groupe Narbonne-La Clape a judicieusement traité ce thème lors d’un week-end en juin (cf dossier dans VDP 57). L'angle de réflexion qui m’intéresse ici est d'observer comment le cinéma fait face à la guerre. J’émets l’hypothèse – ou peut-être seulement l’espoir - que le cinéma est une sorte d’antidote à la guerre, plus généralement contre la violence en général. Il y a les films qui dénoncent la guerre : À l’Ouest rien de nouveau, dans de multiples adaptations au cinéma depuis le film de Milestone en 1930, et ceux certes moins nombreux et toujours en faveur d’un seul camp qui la glorifient : Alexandre Nevski, Eisenstein, 1938. Certains aspects de la cruauté de la guerre sont mis en lumière : Pour l’exemple, Losey, 1964. Elle mène parfois à la folie : Apocalypse Now, Coppola, 1979. Elle révèle l’absurdité meurtrière de certains généraux : Les sentiers de la gloire, Kubrick, 1957. Ou elle peut être une drogue : Démineurs, Bigelow, 2009.Mais le cinéma montre aussi qu’elle peut receler des gestes d’humanité : Le Pianiste, Polanski, 2002, que l’amitié ou l’amour peuvent la surpasser : Au-revoir les enfants, Malle, 1987, qu’elle peut même aider à la réconciliation des peuples et des classes sociales : La grande illusion, Renoir, 1937. Un regard philosophique enfin peut opposer à sa brutalité la beauté de la nature : La ligne rouge, Malick, 1998. Le cinéma met en lumière les horreurs de la guerre sans les édulcorer, il montre jusqu’où la haine, l’aveuglement ou l’imbécillité humaine peuvent nous conduire, mais il peut aussi révéler la force des valeurs humaines et donner à réfléchir.

Philippe Raccah