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La forme de l'eau ou l'amour de la limite ?

S'il n'est pas le chef-d’œuvre ultime que pourraient laisser penser les très nombreuses récompenses reçues par le dernier film de Guillermo del Toro, "La forme de l'eau" n'en est pas moins un grand moment de cinéma de divertissement.

Comme toute l’œuvre de Guillermo del Toro, la religiosité populaire est omniprésente ici. Non pas dans la lignée catholique de ses deux Hellboy (où les démons choisissent le camp du bien) mais dans la lignée plus animiste et panthéiste du Labyrinthe de Pan où la séparation entre l'humanité et le reste de la réalité est beaucoup plus floue.

Ainsi de cet amour quasi immédiat entre Elisa, magnifiquement interprétée par Sally Hawkins, et cette "puissance" (l'amphibien est désigné comme un "asset" à son arrivée au laboratoire). Elle-même a des cicatrices sur le cou, a été trouvée au bord d'une rivière, et si ses cicatrices étaient des branchies, et si elle était une nymphe voire une sirène échouée ?

L'amphibien n'a pas de nom, c'est juste un dieu sorti de l'eau par les hommes qui veulent s'approprier sa puissance alors même qu'ils ne peuvent même se maîtriser malgré leur illusion. Entre l'hyper maîtrise de Strickland, capable de pisser sans les mains, et l'impuissance assumée de Giles, le renversement est total. Lorsque Giles prétend ne rien pouvoir faire parce que la créature n'est pas humaine, Elisa lui répond par cette extraordinaire formule "Si nous ne faisons rien, nous ne le sommes pas non plus". 

Car l'humanité n'est pas dans la forme, il ne suffit pas "d'être à l'image de Dieu" comme le revendique Strickland pour être un humain mais l'humanité est dans cette non résignation farouche dont fait preuve Elisa. N'étant rien, elle n'a rien à perdre à essayer de sauver celui qui ne sait pas ce qui lui manque. Il ne manque à Elisa que la parole mais elle sait communiquer, elle exprime des émotions, des désirs et dispose de son langage. L'amphibien également.

Del Toro revendique l'humanité de ses monstres qui sont tous restreints à un environnement particulier et la monstruosité des humains qui veulent s'affranchir de toute limite dans un délire de puissance infinie, partout et toujours. Et si la vraie humanité était précisément dans ce consentement aux limites et au refus de la démesure ? C'est sans aucun doute l'avis de Guillermo del Toro et le message de La forme de l'eau.

Roland Kauffmann

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