PROtestants et FILmophiles |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Autres articles en ligne pour ce film :
On ne se libère pas impunément de ses fantômes. Tel pourrait être l'un des messages de ce film de Samuel Maoz, véritable métaphore de la décomposition d'une société en guerre permanente.
Nul adversaire réel ici, à moins que le chameau quotidien ou les rares passants sur cette route perdue au fond du désert constitueraient une quelconque menace. Et pourtant, le drame survient par excès de tension, par légèreté, par trop de pluie ou simplement habitude d'avoir le doigt sur la gâchette d'une mitrailleuse lourde.
Dommage d'avoir ainsi gâché le sourire de cette jolie jeune fille... malgré tout aucune culpabilité n'effondre le jeune Yonathan qui continuera à dessiner, même l'enfouissement des innocents.
Mais dans cette absurdité d'une société qui s'enlise, comme le fait le container où logent les sentinelles, où l'on est habitué à la mort ou en tout cas à son annonce, une justice immanente semble faire payer aux coupables le prix du sang. Mais que pèse la mort stupide de Yonathan ? De quelle justice serait-elle le nom si elle devait vraiment faire justice de ses actes ? Que signifie cette vie de culpabilité de son père, Michael, "coupable" d'avoir laissé passer un camion devant lui dans sa jeunesse, camion ayant explosé à sa place.
Ni Michael ni Yonathan ne sont coupables. Pourtant ils ne sont pas innocents mais au-delà de leur cas, c'est bien des traumatismes profonds que la guerre transmet de père en fils dont nous parle Foxtrot. La véritable justice aurait été de ne pas cacher la bavure et de mettre des mots sur ce qui venait de se passer plutôt que de l'enfouir au bulldozer, au sens propre du terme. Les vainqueurs de la guerre n'en sont jamais indemnes surtout lorsque celle-ci a perdu tout caractère utopique, ne servant plus qu'à défendre une société neurasthénique, nombriliste et oppressante qui fait le quotidien des parents de Yonathan dont la vie civile n'a guère plus de sens que la vie des sentinelles dans leur bourbier.
L'on n'échappe pas à ses secrets à moins de leur donner forme en les révélant car cessant d'être secrets ils perdent leur force, c'est ainsi que Michael et Dafna s'en libèrent. Sans doute que Yonathan s'en est libéré par le dessin et qu'il est ainsi mort en homme.
Roland Kauffmann
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier |