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Portugal -105'
Réalisation : Ivo M. Ferreira ;
Scénario : Ivo M. Ferreira, Edgar Medina ;
Photographie : João Ribeiro ;
Montage : Sandro Aguilar. ;
Interprètes : Miguel Nunes (Antonio), Margarida Vila-Nova (Maria), Ricardo Pereira (le major M.), João Pedro Vaz (Le capitaine).
En noir et blanc, pour établir un peu de distance, un bateau avance lentement. Vus en plongée sur les ponts superposés se trouvent des jeunes gens en uniformes au soleil : en bas, plusieurs dans des fauteuils où un steward en blanc sert à boire aux officiers sur un plateau ; en haut, un homme dormant la tête renversée en arrière, un livre serré contre sa poitrine ; derniers instants de paix pour ces soldats insouciants qui espèrent que cette guerre en Angola ne sera qu'une promenade de quelques semaines.
En 1971, quand commencent les lettres, le Portugal refuse leur indépendance à ses colonies et renforce sa présence militaire en Angola. Quatre ans plus tard, l'indépendance de ce territoire est ratifiée après la Révolution des Œillets.
Notre lecteur qui dort sur le pont supérieur du bateau deviendra un écrivain de renom (une trentaine d'ouvrages à son actif) mais ses filles ne publieront ses lettres quotidiennes – dont le film suit fidèlement la chronologie – destinées à son épouse restée au pays, qu'après le décès du couple.
Elles traduisent le désarroi d'un jeune médecin, Antonio, loin de Maria qu'il vient à peine d'épouser et qui est déjà enceinte. Ces lettres, qui sont de merveilleuses lettres d'amour, ont cependant un intérêt beaucoup plus large. Antonio découvre l'Afrique en même temps que la guerre dont il va comprendre progressivement les enjeux. On assiste, à travers ses lettres, à une prise de conscience d'un homme bon, épris de justice, et de beauté en même temps.
La voix qui lit les lettres est curieusement celle de Maria alors que l'image montre Antonio écrivant à sa table. Mais cette double évocation traduit à la fois l'éloignement dont souffre le couple et la fusion qui les lie dans une seule pensée. La poésie de ses écrits en est bouleversante de légèreté alors que le sujet abordé est souvent lourd et difficile : des images terribles de conflit contre un ennemi masqué, comme ont été les guerres coloniales, mais enregistrées par un observateur imprégné des Lumières.
Ce film épistolaire peut sembler par moment un peu fastidieux, mais les instants d'émotion le relèvent, comme la tentative d'adoption d'une petite orpheline par Antonio qui supporte durement son trop plein d'affection.
Nicole Vercueil
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