PROtestants et FILmophilesFestival de Berlin 2013 |
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Scarlett Johansson et Joseph Gordon-Levitt dans Don Jon's Addiction, © Berlinale 2013
Un film très drôle, intelligent et bien tourné.
Don Jon, le jeune champion du sexe, aime son appartement qu’il nettoie consciencieusement, sa famille, ses copains, les filles – et les films porno ; il va régulièrement à l’église en famille, se confesse chaque semaine, et chaque semaine il énumère au prêtre le nombre de fois où il a eu des relations extra-conjugales et le nombre de fois où il s’est masturbé en regardant des pornos, repartant invariablement avec une punition qui se compte en nombre d’Ave et de Pater noster que Jon reçoit avec reconnaissance et qu’il exécute pendant ses séances de body-building.
Quand les copains vont en boîte, ils donnent des notes entre 1 et 10 aux filles présentes, note décomposée selon les parties de son corps. Jon a reçu le surnom « Don » parce qu’il « lève » chaque fois une super-nana d’au moins 8. Sauf que, aucune fille ne fait aussi bien l’amour que ce qu’il fantasme devant son écran enchaînant des films porno – plusieurs fois par jour.
La répétition stéréotypée de la suite biase-masturbation-confession-pénitence signale la pratique religieuse de Jon en tant que masturbation spirituelle.
Un soir, une « 10 partout » rentre dans la boîte, incarnée par Scarlette Johansson, et Don Jon part en chasse. Mais elle s’en va. Il cherche son nom, la retrouve, la drague – ça marche ! Sauf que la jolie demoiselle a des exigences : elles ne couche pas tout de suite, veut d’abord rencontrer la famille, veut qu’il suive des cours pour s’élever socialement et lui interdit de nettoyer lui-même son appartement – c’est indigne d’un homme de la situation dans laquelle elle veut le voir. Mais surtout, sa belle a découvert qu’il regarde ces « cochonneries », lui fait promettre de ne pas recommencer – promesse qu’il est incapable de tenir…
Lors des cours du soir qu’il suit pour faire plaisir à sa belle, il tombe sur une femme déjà plus âgée qui pleure, puis l’aborde. Elle l’a vu regarder du porno sur son téléphone portable. Elle lui amène un bon film. S’engage alors une relation entre cette femme, incarnée par Julianne Moore, et le jeune Jon, où l’aînée lui apprend ce que c’est l’amour : une relation entre deux êtres où chacun se perd dans l'autre.
Sous des allures d’une comédie légère au rythme soutenu, on assiste à une belle métaphore pour la chosification de l’autre et un plaidoyer pour l’amour avec, au passage, une fois de plus une relation entre un jeune homme et une femme plus âgée, ce qui semble devenir un crédo du cinéma actuel. Reste à savoir si, en découvrant que le secret de l'amour réside dans la qualité relationnelle, Jon arrivera à concevoir également une autre relation à Dieu. Cette question-là, le film ne la pose pas.
Waltraud Verlaguet
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