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Youth ou l'essence de l'homme

Le dernier film de Paolo Sorrentino, Youth, a reçu un accueil pour le moins partagé. Au point que l'on peut se demander si les critiques ont vu le même film.

Pourtant il pose de manière magistrale la grande question de ce qui est le propre de l'homme en interrogeant ce qui fait l'ultime de l'existence: que faire quand on a fini sa vie? Ou plutôt quand on croît que le passé est plus riche que le peu d'avenir qu'il nous reste et que finalement l'on se rend compte de son erreur.

L'absolue liberté revendiquée par les deux amis, interprétés par les extraordinaires Michael Caine et Harvey Keitel, l'un retranché dans sa peine et le sentiment d'avoir tout perdu, l'autre exalté par un projet dont il sait bien l'inéluctable échec alors même qu'il s'accroche à sa possibilité, est une véritable leçon de vie par le petit bout de la lorgnette.

Youth ne cherche pas à répondre à la question qu'il pose, au contraire le film se libère à son tour de toute forme de sens, ne cherchant à en imposer aucun. Un peu comme ce formidable "Concerto pour vaches" que Fred compose dans l'alpage, une musique rare parce qu'elle se vit dans le silence. Ou encore comme ce film où Mick voudrait incorporer tous les personnages de ses précédents films, lesquels le jugent ou le révèlent comme démiurge à la merci de ses créatures.

D'une forme extraordinaire, Youth est fondamentalement construit sur le désir comme moteur de la vie et dont Spinoza fait l'essence même de l'humanité. L'on ne vit qu'aussi longtemps que l'on désire, telle pourrait être l'une de ces leçons de vie.

C'est pourtant Fred, qui se croit déjà aussi mort que sa femme, qui pourra la faire revivre à travers l'avatar d'une nouvelle interprète de son œuvre maîtresse. En acceptant finalement ce qu'il refusait, même à la reine d'Angleterre, il donne une nouvelle interprétation de la parole de l'Évangile : "laisse les morts enterrer leurs morts", car il est vain de vouloir oublier son passé et s'interdire ainsi un futur.

Michael Caine et Harvey Keitel sont accompagnés par les bouleversants de fragilité Rachel Weiss (Léna) et Paul Dano (Jimmy) qui, chacun à leur manière et du haut de leur jeunesse, en contrepoint à la vieillesse de Fred et Mick, vont trouver un nouvel horizon pour devenir leur propre désir, du moins lorsqu'ils seront parvenus à pardonner, pour Léna, ou à comprendre, pour Jimmy.

Une œuvre rare!

Excursus: symptomatique de l'état d'esprit mortifère de notre temps, sur le site figaro.fr, le trailer est signalé comme ayant un "contenu explicite" par "certains membres de Dailymotion" qui imposent une censure de fait, par l'obligation d'être inscrit et de se déclarer majeur. Nul besoin désormais d'un État totalitaire, il suffit de se poser en censeur d'autorité sur les réseaux que l'on peut dorénavant nommer "asociaux" parce qu'ils érigent le sens de quelques uns en norme pour le plus grand nombre. Une sombre bêtise face à un film aussi lumineux.

Roland Kauffmann

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