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Festival de Berlin 2018

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Markus Imhoof © Berlinale 2018


Réalisation et scénario : Markus Imhoof
Caméra : Peter Indergand

Avec :
Robert Hunger-Bühler (Markus), Caterina Genta (Giovanna)

Markus Imhoof
Né à Winterthur en Suisse, il a étudié l’allemand, l’histoire de l’art et l’histoire, puis le cinéma. Il a réalisé plusieurs documentaires maintes fois primé.

Filmographie :
1967 Rondo 
1972Volksmund – Oder was man isst 
1974 Fluchtgefahr 
1977Tauwetter 
1979 Isewixer 
1980 Das Boot ist voll 
1986 Die Reise
1990 Der Berg 
1991 Les petites illusions 
1996 Flammen im Paradies 
2012 More than Honey

Eldorado

De Markus Imhoof, Suisse, Allemagne 2018, 92 min. Sélection officielle Hors compétition Berlin 2018

© Majestic/Zero One Film Peter Indergand

Un film qui raconte très calmement ce qui se passe. Mais ce qui se passe, est tout sauf calme.

Entre les souvenirs de Giovanna, les photos de l’époque, les scènes où l’équipage se prépare au sauvetage, messe comprise – où le prêtre parle de l’attention que le pape porte à cette action, appelée mare nostrum, avec prière et eucharistie – les récits des réfugiés, les images, tournées clandestinement, dans un camp de fortune où vivent les illégaux, les discours des responsables et les analyses du réalisateur, le spectateur reste avec le ventre noué : une impasse à 360°.

Du temps de Giovanna, pour chaque Juif émigré en Suisse disposant d’un visa pour les USA et d’un billet pour un bateau, la France de Vichy offrait le visa pour aller à Marseille et la Suisse devait accueillir trois enfants français malades. Des enfants juifs étaient exclus de cet accord.

Aujourd’hui, un Européen voulant se rendre en Afrique prend un billet pour moins de 50€ et tout se passe bien. Les réfugiés, eux, paient leurs passeurs en moyenne 1500€, ce qui fait pour un seul bateau ramenant 1800 refugiés 2 700 000€ - et rien ne se passe bien. En passant par la Libye, ils sont la plupart du temps mis en prison, et, quand l’Italie ne peut plus prendre des personnes supplémentaires, le bateau les ramène en Libye direct, où ils sont remis en prison – et ce qui s’y passe est tellement terrible que les réfugiés n’arrivent pas à en parler, la gorge noué et le regard vague. Ceux qui arrivent en Italie doivent s’y faire enregistrer mais peu peuvent obtenir l’asile. Les autres tentent leur chance comme travailleurs illégaux, traités comme du bétail par la mafia, les femmes étant forcées à la prostitution. Et le réalisateur fait le calcul : l’économie italienne fleurit grâce à cette main d’œuvre bon marché, ils cueillent des tomates pour les boîtes de conserve qui sont vendues en Afrique – où les tomates pourraient très bien pousser et où les gens achètent les boîtes italiennes avec l’argent que leur envoient ceux de la famille qui sont maintenant en Italie comme illégaux. La Côte d’Ivoire est un grand exportateur de cacao, mais n’a aucune chocolaterie.

A ceux qui n’obtiennent pas d’asile, on offre 3000€ pour s’installer à nouveau chez eux. L’un d’eux raconte qu’il va s’acheter deux vaches. Au même moment la taxe d’exportation sur le lait est abolie, l’Europe va vendre en Afrique son surplus de lait moins cher que le lait des vaches sur place.

Ceux qui refusent, sont ramenés de force, ficelés et accompagnés de deux policiers, coût de l’opération : 15 000€ par personne.

Un politicien suisse dit que, par temps de grand vent, on peut construire un mur pour s’en protéger, ou construire des moulins à vent. Il préférerait la dernière solution, mais les refugiés arrivent par la mer et doivent donc demander asile dans un pays côtier, pour être primo-arrivant en Suisse il faudrait qu’ils tombent du ciel… Le même politicien raconte que dans un village près de Langenau il y a la mairie une peinture qui montre comment au XVIIIe siècle une série de personnes devait quitter le pays car il n’y avait pas de quoi nourrir tout le monde. Les autres villageois leur disaient au-revoir en leur remettant 50 francs. Aujourd’hui la Suisse est riche, mais on n’accepte pas les immigrés économiques.

Durant la période nazi, les refugiés pour cause raciale étaient explicitement exclus de toute possibilité de demander l’asile – parce qu’ils consitutaient la majorité des demandeurs d’asile. Aujourd’hui la même chose est vrai pour les refugiés économiques.

L’argent, les riches et les biens traversent toutes les frontières, les pauvres doivent rester là où ils sont. C’est ainsi que la globalisation a exporté son prolétariat, comme le dit le dossier de presse. Depuis 2000, plus de 30 000 personnes se sont noyés lors de leur fuite, tandis que nos populations vieillissent. Le monde marche sur la tête, pour des raisons économiques qui, à terme, vont ruiner l’humanité. Quel sens prend alors le « Notre Père… donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour… » Qui est « nous » ?

Synopsis : Quand Markus Imhoof, né en 1941, était un petit garçon, ses parents ont accueilli une petite refugiée italienne du nom de Giovanna. Mais la politique a séparé les enfants. Le souvenir de ces événements a conduit le réalisateur à s’intéresser à la politique européenne actuelle concernant l’immigration. Un bateau italien recueille 1800 refugiés devant les côtes libyennes et les amène dans un camp. Aucun d’eux n’a une chance d’entrer légalement en Europe.

Waltraud Verlaguet

Berlinale 2018, hors compétition; Mention spéciale du jury Amnesty International

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