logo

PROtestants et FILmophiles

Festival de Fribourg 2023

PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain


ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS



Retour vers la page du festival

Harka

de : Lotfy Nathan , Belgique, Luxembourg, France, Tunisie 2022, 90min.

D’abord ce sont des images de paysages magnifiques, à la manière d’un reportage de voyage. La voix off de la sœur du héros parle de ces eaux souillées par le phosphate, des cancers qui se développent, de la crise économique et de la pauvreté qui se répandent. 

Harka, premier long-métrage de Lotfy Nathan, est une parabole moderne sur la résistance. Ali, jeune Tunisien rêvant d’une vie meilleure, mène une existence précaire en vendant de l’essence de contrebande au marché noir local. Il squatte un chantier de construction. Tous les jours, après avoir acheté les bidons d’essence au noir, il s’installe le long d’un poteau, vend son pétrole aux automobilistes et offre, de façon obligée, quelques billets à la police pour qu’elle le laisse tranquille. A la mort soudaine de son père, Ali doit s’occuper de ses deux sœurs et de leur expulsion imminente de la maison de famille. Suivra un combat pour conserver sa dignité.

Ali rêve d’émigrer en Europe. «On déteste tous la Tunisie» lui dit un de ses amis. Ce film a un propos délibérément politique, 10 ans après le Printemps arabe qui avait donné tous les espoirs à une jeunesse tunisienne qui désirait travail, confort et liberté. Harka appréhende la dure réalité de l’émigration tunisienne vers l’Europe.

Le film suit le quotidien d’Ali, jeune homme accablé par l’injustice, la colère et la solitude malgré ses moments forts et intenses de résilience. Mais petit à petit, le rêve s’évanouit et la colère devient rage.

Dans ce film, à travers les différents personnages, nous pouvons voir la société tunisienne avec ses cyniques, ses résignés, ses corrompus, ses privilégiés, mais aussi la lumière d’espoir que représentent les deux sœurs.

Le film rappelle la petite ville tunisienne de Sidi Bouzid, d’où est parti le Printemps arabe, le 17 décembre 2010, avec l’immolation de Mohamed Bouazizi, marchand ambulant comme le Ali de ce film. Plus de 10 ans après, que reste-t-il de ces moments d’espoir pour des populations minées par l’injustice et la corruption ?

Harka, d’après son réalisateur, signifie brûler mais aussi, en argot tunisien, un migrant qui traverse illégalement la Méditerranée en bateau. Nous avons là deux significations qui s’inscrivent très bien dans le film : d’un côté, une histoire inspirée par Mohamed Bouazizi, de l’autre, un personnage principal qui rêvait de partir vers l’Europe.

Film saisissant, bouleversant, désespérant, Harka est un cri de colère contre un système, une société, confrontés à la déliquescence d'un univers social où règnent l'injustice et la corruption.

Florence de Tienda et Philippe Cabrol,

Autres articles en ligne pour Harka :

Mentions légales

Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier

Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier
04 67 92 16 56 - secretariat@pro-fil-online.fr

Contact