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Cyril Schäublin
Né en 1984 à Zurich issu d’une famille d’horlogers. Il a étudié le mandarin et le cinéma à Pékin, puis la mise en scène à Berlin. Il a réalisé un court métrage, Modern Times en 2013. Retourné en Suisse il tourne son premier long métrage, Dene wos guet geit (« Ceux qui vont bien » en dialecte suisse), projeté à Locarno en 2017 et qui a gagné plusieurs prix dans plurieurs festivals. Unrueh est son deuxième long métrage.
© Seeland Filmproduktion
Avec Clara Gostynski, Alexei Evstratov, Monika Stalder, Hélio Thiémard, Li Tavor
Le réalisateur s’est inspiré d’abord de l’histoire de sa propre grand-mère qui, comme presque toutes les femmes de sa famille était spécialisée dans la production de la pièce centrale des montres, le balancier, appelé en suisse-allemand ‘Unrueh’ (Unruhe en allemand) qu’on pourrait traduire par ‘agitation’, le contraire de la tranquillité. On assiste à la synchronisation progressive des horloges, une normalisation du temps. Au début il y a encore le temps municipal, celui de l’usine, celui du télégraphe – autre invention de l’époque – celui des trains. Employés et fonctionnaires contrôlent et mettent à l'heure sans arrêt les différentes horloges. En même temps, les photographes font des photos des différents personnages et les vendent. Et le télégraphe transmet les ordres de montres et les nouvelles sur le mouvement anarchiste à travers le monde.
Différents livres ont constitué la deuxième source d’inspiration, celui de Pyotr Kropotkin sur son séjour dans cette vallée, Memoirs of a Revolutionist, où il décrit comment il est devenu anarchiste au contact de ces ouvriers ; celui de Simone Weil, La condition ouvrière ; et Anarchistische Uhrmacher im 19. Jahrhundert in der Schweiz (Ouvriers anarchistes dans l’industrie horlogère dans la Suisse du XIXe siècle) de Florian Eitel.
L’influence des nouvelles technologies sur la vie des gens n’est pas sans parallèle avec notre époque actuelle. La mécanisation est omniprésente, la mesure précise du moindre geste pèse sur les gens, les images en très gros plans sur les détails du mécanisme des montres sont extraordinaires. Deux visions du monde s’affrontent dans la vallée, celle des anarchistes, déjà mentionnée, qui veulent mettre en scène la commune de Paris – remarque : les femmes ont le même salaire que les hommes – soulignée par un chant anarchique, L'ouvrier n'a pas de patrie ; et celle des nationalistes traditionalistes, qui préparent une mise en scène de la bataille de Morat, quand les Suisses, en 1476, ont repoussé les troupes de Charles le Téméraire, soulignée par le vieil hymne de la Suisse. Ces deux chants (très belle interprétation) sont la seule musique du film. Une discrète histoire d’amour vient à la fin se greffer sur l’histoire, ou peut-être l’Histoire – un peu comme une concession à la curiosité des gens.
Un film fascinant.
Synopsis :
La vallée de Saint-Imier au Nord-Ouest de la Suisse en 1877 où fleurit l’industrie des montres. Le cartographe et révolutionnaire Kropotkin observe comment les ouvriers fondent un syndicat anarchiste et revendiquent la libération du temps.
Waltraud Verlaguet
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