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Festival de Berlin 2021

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Une Semaine de la Critique Berlin 2021

La Semaine de la Critique de Berlin est, comme à Cannes et Locarno, une organisation à part sous la responsabilité de l’association des critiques de cinéma, mais qui a lieu dans le cadre de la Berlinale. Elle ne ressemble cependant ni à celle de Cannes, ni à celle de Locarno. A Cannes, ce sont des premiers et deuxièmes films, mais de réalisateurs et de genres de film qui ont vocation à intégrer un jour la compétition internationale. A Locarno, ce sont d’excellents documentaires et les gens font la queue pour aller voir ces films.

La Semaine de la Critique de Berlin montre plutôt des œuvres du genre de ce qu’on peut voir au festival du court métrage d’Oberhausen : des films plutôt expérimentaux et/ou engagés, utilisant souvent des téléphones portables, des caméras de vidéosurveillance, des caméras d’amateur ou des collages de photos.

Caméra de surveillance

Un Unusual Summer

© Kamal Aljafari Studio

 Parmi les films à partir de caméras de surveillance nous avons Un Unusual Summer de Kamal Aljafari (Palestine 2020, 80min.) L’« intrigue » ? Savoir qui a brisé la vitre de la voiture du père. Mais ce n’est que le prétexte. Les images d’une caméra de surveillance installée par le père, donnant sur un parking, entrecoupées de cartons avec des questions que le personnage/narrateur/réalisateur se pose ou des réflexions ou commentaires sur ce qu’on voit, passent en accéléré, parfois en arrière, entrecoupées aussi d’écrans plus ou moins noirs ou de couleurs différentes. Parfois avec l’indication de la date (juillet 2006) et de l’heure.

La présence de la guerre se signale par des éclairs dans le ciel.

Un carton dit : « Avec la caméra de mon père, chacun a la chance d’exister. »

Suivent des agrandissements (très flous) sur des personnes qui passent avec des explications (toujours sur des cartons sans aucune voix) sur leurs personnes. Si c’est pour donner une « existence » aux simples gens de son quartier, c’est louable, encore qu’on puisse se demander ce que ça veut dire alors d’exister, mais infliger une heure et demie de plan fixe sans action, c’est trop demandé aux spectateurs. Même si le générique de fin donne l’histoire de sa famille en Palestine, histoire tragique, certes, mais qui ne justifie pas le film.

Intimate Distances

© Big Other Films

Aure film à partir d’une caméra de surveillance, cette fois dirigée sur un carrefour de New York : Intimate Distances de Phillip Warnell (Grande-Bretagne/USA 2020, 61 min.).

La caméra suit une femme d’un certain âge qui commence des bribes de discussion avec des hommes qui passent par là. Petit à petit on comprend qu’il s’agit de Martha Wollner, directrice de casting, qui cherche un comédien pour interpréter le rôle d’un criminel. À travers les rencontres que Martha entreprend avec des passants trouvés dans ce quartier , le film se révèle comme métaphore pour une société où on est à la fois proche des autres et pourtant loin.

Caméra amateur

Dracula Sex tape

© Olivier Godin

Dans le style caméra amateur nous avons un court métrage de 5 miutes, Dracula Sex tape d’Olivier Godin (France 2020, 5min), badinage d’étudiants autour de la cigarette, à contrepied du consensus - dommage qu’ils se noient dans leurs dialogues.

Cinéma expérimental

Dans le genre cinéma de recherche il y a Foyer d’Ismaïl Bahri (France/Tunisie 2016, 32 min.), où la caméra n’est pas d’abord un instrument à capter des images, mais un ustensile qui intrigue et autour duquel différentes gens s’agglutinent comme autour du foyer d’un feu (d’où le titre). On entend leurs voix qui s’interrogent sur l’acte de filmer, sur ce qu’on voit ou donne à voir, tandis que l’écran reste d’un gris palpitant. C’est n’est qu’à la toute fin qu’une image apparaît comme par bribe, comme un voile qui se lève – mais ça s’arrête là. Ce n’est pas in-intéressant, mais le concept d’une mise en non-image aurait gagné en pertinence en trouvant une forme plus courte, plus concise.

Oumoun

© Fairuz et El Moïz Ghammam

Un dialogue entre une réalisatrice belge et sa grand-mère tunisienne dans Oumoun de Fairuz et El Moïz Ghammam Belgique/Tunisie 2017, 14 min) via un téléphone portable raconte une quête de racines entre les cultures et les langues.

Des films qui dénoncent

Il y a beaucoup de films qui cherchent à dénoncer quelque chose.

This Day Won’t Last

© Mouaad el Salem

L’intolérance contre les homosexuels dans This Day Won’t Last de Mouaad el Salem (Belgique/Tunisie 2020, 25 min.). Des gros plans, voire très gros plans sur des détails, un chat, les poils du chat, des fourmis, un rideau, souvent les images sont floues, parfois ce sont des photographies… pendant que la voix off relate l’état d’âme du réalisateur, mal dans sa peau dans ce pays, la Tunisie, dont il dit qu’il n’aime pas la jeunesse. Il fait part de sa peur d’être découvert et appelle à l’abolition de l’article 230 contre les homosexuels. La plupart de ses amis ont quitté le pays pour cette raison. Images de rues, de lieux. Partir ? Il a peur de quitter ses parents. Un figuier déraciné meurt.

The Sky Is Red

© Storyboard Media

Dans The Sky Is Red de Francina Carbonell (Chili 2020, 73 min.) il s'agit d'un témoignage sur un feu intervenu suite à une dispute entre prisonniers, dans une « prison privée » désespérément surpeuplée. Images de télésurveillance, entrecoupées de bribes des interrogatoires pour déterminer les responsabilités. Il devient clair que l’administration n’a pas réagi à temps, celui qui aurait dû ouvrir la grille pour que les prisonniers puissent sortir, n’avait pas la clé. Un autre dit avoir été menacé par ses supérieurs pour qu’il ne dise pas comment ça s’est vraiment passé… quatre-vingt-un prisonniers sont morts. Le film se termine sur la sentence du juge qui déclare les autorités pénitentiaires non-coupables.

Letter From Your Far Off Country

© Suneil Sanzgiri

Letter From Your Far Off Country de Suneil Sanzgiri (USA/Inde 2020, 17 min.) proteste contre l’oppression en Inde, notamment au Kashmir.

Watch Over Me

© Leafbird Films GmbH

​​​​​​​Watch Over Me de Farida Pacha (Allemagne/Suisse/Inde 2020, 92 min., noir et blanc) suit une équipe de soignants qui s’occupe de patients pauvres en phase terminale et qui n’ont pas les moyens de se faire soigner à l’hôpital. Ils n’ont rien à leur offrir si ce n’est des petits remèdes palliatifs et un soutien émotionnel pour les aider à mourir en paix. Un témoignage bouleversant, mais les images des mourants sont parfois difficilement supportables.

​​​​​​​First In First Out​​​​​​​

© Zacharias Zitouni

First In First Out de Zacharias Zitouni (Allemagne/Algérie 2020, 26 min.) relate les difficultés d’un Algérien immigré clandestinement, sans papiers, vivant avec une Allemande. Un jour il est pris lors d’un contrôle au faciès et passe plusieurs mois en prison. Ils réussissent à se marier et sont maintenant ensemble depuis 24 ans – alors que l’administration les soupçonnait de se marier juste pour les papiers. Scènes à la plage avec les enfants. Le tout filmé style amateur.

Freizeit oder : das Gegenteil von Nichtstun

© Markus Koob

​​​​​​​Dans Freizeit oder : das Gegenteil von Nichtstun de Caroline Pitzen (Allemagne 2021, 71 min.) on suit plusieurs lycéens dans leurs rencontrent, au sport, à la fête, chez eux. Ils discutent beaucoup, mettent en question les valeurs de la société, contre le consumérisme, le capitalisme, le racisme, le sexisme… Ils pensent qu’ils ne peuvent pas accepter moralement d’acheter un jour un appartement alors que tant d’autres humains n’ont pas cette chance. (Ils questionnent moins le fait que, quand ils font la fête dans la discothèque, tant d’autres n’ont pas cette chance, ni celle d’aller à l’école.)

Plus léger

​​​​​​​Sunrise in my Mind

Dans un genre plus léger, Sunrise in my Mind de Danech San (Cambodge 2020, 14 min.) met en scène des rêves d’amour dans un salon de coiffure.

​​​​​​​Red Post On Escher Street

Ainsi que Red Post On Escher Street de Sion Sono, (Japon 2020, 147 min.), une satire sur le milieu cinématographique où des tas de filles auditionnent pour un rôle dans le nouveau film d’un réalisateur ultra-connu. Toutes postent leur candidature dans une boîte à lettres rouge sur Escher Street. Le film devra s’appeler Le masque et dans la scène qu’on leur fait jouer il est question d’une foule sans visage qui absorbe les personnages, image reprise à la fin du film par deux des candidates, choisis par le réalisateur mais retoquées parce le producteur leur préfère deux actrices professionnelles. Elles appellent les figurant à se révolter contre leur destin d’être une foule invisible.

Trois films à retenir

Reste trois films dont il faut parler un peu plus.

​​​​​​​Un musée dort

© Camille Chenal

Tout d’abord Un musée dort de Camille de Chena (France 2020, 71 min.), un film curieux, déconcertant, mais hautement esthétique. Ornicar cherche Chloé qu’il a quittée un an plus tôt pour disparaître – alors qu’il l’aime – pour se retrouver. Dans un récit surréaliste et onirique, des tableaux s’entremêlent avec les sons d’un piano, les ruelles, les couleurs, les situations, les phrases forment des méandres d’un labyrinthe sentimental dans lequel Ornicar se meut, tantôt avec frénésie, tantôt en somnambule. Un film que la critique nommera certainement ‘exigeant’ car il ne trouvera sans doute pas son chemin vers le grand public.

​​​​​​​Fauna

Puis Fauna de Nicolás Pereda (Mexico/Canada2020, 70 min.) raconte une histoire dans l’histoire avec des jeux de doubles pas dénués d’humour. Les acteurs jouent des personnages quasi opposés dans les deux parties, respectivement l’histoire et l’histoire dans l’histoire, les deux parties se rejoignant dans la scène de fin. Dans la première partie il y a un couple d’acteurs plutôt minables qui, dans la deuxième partie, incarnent, elle une femme fatale, lui un gangster. La deuxième partie correspond au récit d’un livre que le frère de l’actrice est en train de lire. Mais il n’a pas lu la fin – et nous, on reste sur notre faim. Le film cherche à dénoncer le cercle vicieux entre jouer le gros dur et l’être, entre les films qui abreuvent la télévision et le cinéma, où la violence et le crime sont omniprésents, et leur influence sur le comportement des gens. Il aurait peut-être mérité une fin plus explicite (d’autant qu’il ne dure que 71min., mais cette absence signale peut-être justement le fait qu’il semble ne pas y avoir d’issu.

Horse Tail

Et finalement Horse Tail de Manoj Leonel Jahson et Shyam Sunder (Inde 2020, 125 min.), un conte de fée syncrétiste haut en couleurs. Jugez plutôt : Un homme se réveille avec une queue de cheval (une vraie, pas celle qu’on fait avec ses cheveux). En plus elle bouge l’obligeant à des mouvements bizarres. Il commence à agir de façon peu orthodoxe, perd son travail, va voir une prophétesse pour demander l’explication de son rêve, puis son ancien professeur de mathématique qui pense que tout problème peut trouver sa solution mathématique. En fait tout le film se passe entre réalité et rêve pour explorer ce que signifie l’identité. Chacun est marqué par des tas de chiffres : n° de carte d’identité, n° de sécurité sociale… et par l’illusion sur soi. Et pour le professeur, les maths sont une théorie de l’illusion. 

Le film est rempli de références religieuses, hindouistes bien sûr, mais aussi bibliques et coraniques, ainsi qu’aux contes et croyances populaires et à la psychanalyse en un joyeux mélange sans souci de cohérence. « Même des incarnations comme Jésus furent conçues en rêve »… Puis le personnage plonge dans sa mémoire, garçon jouant avec sa petite copine au village. Mais sa copine meurt – de bonheur. Et si on n’était qu’une réflexion de soi ?

Waltraud Verlaguet

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