PROtestants et FILmophiles Festival de Venise 2019

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Joker

de : Todd Phillips, Etats-Unis d'Amérique, 2019, 118,

Joaquin Phoenix © Nico Tavernise

Quelle performance d'acteur ! Joaquin Phoenix est époustoufflant.

Le film raconte la préhistoire de Joker, personnage incarnant le mal dans Batman. Le récit que le réalisateur met en scène est hautement intéressant sur plusieurs points. Comment devient-on ce monstre ? Il nous montre un Joker fragile, dépressif, qui s'occupe bien de sa maman âgée. Il a grandit dans l'idée qu'il est le demi-frère illégal de Bruce, sa mère ayant travaillé pour la famille de ce dernier. Joker est régulièrement malmené par tout le monde, traité comme un moins que rien, tabassé par des petites frappes qui se moquent de lui.

C'est quand il apprend que l'histoire que sa mère lui a racontée est fausse, qu'en fait, avec son ami, elle l'a maltraité et qu'il a été abusé, qu'il y a comme un déclic et que tout ce qui le mettait en position d'infériorité explose comme un vulcan, se libérant sous forme de rage. Quand, comme d'habitude, il se fait molester par trois jeunes bourges, il tire - et à partir de là une violence incontrôlable s'empare de lui et détermine son destin futur. Comme quoi, la violence est toujours d'abord celle qu'on a subi.

Sont égratignés au passage la maltraitance infantile bien sûr, mais aussi le système des shows télévisés, fabriques de rêves que rien ne justifie, la petitesse d'âme de tant de gens qui se donnent un sentiment de puissance au détriment des plus vulnérables, le règne des petits chefs, l'eexploitation des loosers dans un système où ce qui compte, c'est le paraître.

La mise en scène de façon magistrale. Un film très fort. 

Waltraud Verlaguet

Lion d'Or du meilleur film Festival Venise 2019