PROtestants et FILmophilesFestival de Locarno 2013 |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Depuis plus de 40 ans, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi ont construit leur démarche de cinéastes sur la revisitation des archives visuelles. Ils ont exploré les thèmes des images du passé pour montrer le présent, ou comment la première moitié du siècle continue de façonner la seconde. Ils ont notamment signé Du Pôle à l’Équateur (1986), Frammenti elettrici (1987), Prisonniers de guerre (1995) et Sur les cimes tout est calme (1998), puis plusieurs films sélectionnés à Locarno, Inventario balcanico (2000), en Cineasti del presente - Fuori concorso et Viet Nam (2002) en Cineasti del presente - Video. Enfin en 2010, ils ont présenté deux films en Fuori concorso: Catalogo N.3 - Odore di tiglio intorno la casa (1977) et Film perduto (2010).
Synopsis: «Nous nous penchons sur des matériaux filmiques sur l’Éthiopie coloniale italienne (Abyssinie), récemment découverts dans des archives de particuliers. Nous étudions à la loupe les photogrammes sur la colonisation, et transcrivons leurs légendes. Ces matériaux devaient être visionnés à la maison, en silence. Dans ces fragments de films, on remarque, en les regardant sans projecteur, les traces de ceux qui les ont possédés, les moments du film qu’ils ont le plus vus. Notre double lecture passe par les images et par la façon dont elles étaient vécues. Une Éthiopienne à genou, le sein à l’air, un soldat barbu qui lui lave symboliquement les cheveux; des termes récurrents (barbare, primitif, pillard, bigamie) reviennent dans les légendes. Nous avons trouvé aussi beaucoup de séquences militaires illustrant la violence des Italiens lors de la conquête de l’Éthiopie et la phrase suivante: «Pour ce pays primitif et barbare, l’heure de la civilisation a sonné.» Voilà des fragments de l’image de Mussolini en Afrique: il fallait communiquer avec les masses à travers les caractéristiques physiques de sa personne, qui doit apparaître comme une icône unique et incomparable.» (Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi).
Les réalisateurs travaillent sur des bribes de films qu'ils modifient pour en triturer la signification. Ils sont pour la plupart passés au ralenti, parfois très ralenti - 1 image/seconde; et les couleurs sont remaniées, les nuances du gris ou sépia d'un film en noir et blanc deviennent autant de nuances de rouge ou violet, ou encore c'est le négatif qui est montré dont les couleurs peuvent à leurs tour être remaniées. L'ensemble visuel produit ce que Brecht nommait un "Verfremdungseffekt", ce travail de distanciation qui nous permet de saisir l'étrangeté de ce qui, autrement, nous échapperait parce que nous y sommes trop habitués.
Pendant de longs séquences, le film se déroule sans aucun son. A d'autres moments il est accompagnés de récitations à mi-chemin entre déclamation plaintive et chant, de textes évoquant l'horreur de la guerre.
L'épilogue dit la peur des réalisateur que le fascisme puisse renaître de ses cendres - peur qui se transmet immanquablement au spectateur.
Waltraud Verlaguet
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier |