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Festival de FID 2014

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Eau Argentée , Syrie auto-portrait (Silvered Water) de Ossama MOHAMMED & Wiam Simav BEDIRXAN (Syrie 2014, 1h32) documentaire

En mars 2011, excités par la chute des présidents Ben Ali en Tunisie, puis Moubarak en Egypte, des gamins écrivirent sur les murs de leur lycée, à Deraa au sud de Damas : « Va-t'en à ton tour, Docteur !» s'adressant ainsi à Bachar el-Assad, ophtalmologiste avant de succéder à son père au pouvoir en Syrie. Ecoutons le film. Aux parents qui allaient réclamer leurs enfants promptement arrêtés, l'officier répondit : « Cet enfant, oubliez-le ! Faites-en un autre ! On vous y aidera avec vos femmes, s'il le faut...» Les manifestations qui s'ensuivirent par toute la Syrie et leur répression déclenchèrent l'insurrection toujours en cours.

Ossama Mohammed, cinéaste syrien reconnu, fut invité au festival de Cannes 2011 à la table ronde 'Cinéma et dictature', et ne put plus rentrer dans son pays. Vivant désormais à Paris, il se le reproche : «On me dit que je suis en danger, et je voudrais l'être, pour être plus proche de mon peuple ». Eau Argentée est le tribut qu'il apporte aux souffrances de ce peuple, tribut fait de « 1001 images par 1001 Syriens ou Syriennes, et moi ». Ces images, elles sont terribles, souvent insoutenables, alors qu'il serait si simple de regarder ailleurs !

Images terribles prises par les bourreaux et lancées sur Internet, pour effrayer et se glorifier ; images terribles prises par les victimes et lancées sur Internet, pour informer et indigner. Souvent détaché des vues, qui se suffisent à elles-mêmes, le commentaire explique le cheminement du réalisateur vers son film, le contexte et le pourquoi de sa réalisation – car fallait-il collecter, monter et diffuser tant d'horreurs ?

A mi-parcours viennent s'ajouter aux séquences de smartphones celles filmées par Wiam Simav Bedirxan depuis Homs assiégée et bombardée, et sa voix angoissée monte de cet enfer pour dialoguer avec Ossama piégé dans son abri parisien. A la vision des immeubles en flammes et des rues jonchées de gravats, se mèle celle de l'école qu'elle a établie pour les gosses déboussolés, et Charlot boxeur qui les fait rire aux éclats. Pas pour longtemps ! Car des insurgés interdirent l'école aux filles et la menacèrent de fermeture, Wiam Simav ne portant pas le voile.

Peut-on oser parler de poésie, sur fond de cadavres d'enfants, de coups et d'humiliations, de corps sanglants traînés au sol ? Le mot est dans le film : puisqu'existent l'horreur de la guerre, l'infinité du mal que l'homme peut faire à l'homme, et que détourner le regard n'est pas la solution, poésie ici ne signifie pas art ou beauté, mais bien la plus haute forme de parole qui puisse rendre hommage à la souffrance.

Jacques Vercueil

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