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Festival de FID 2014

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Ai Wei Wei the Fake Case (Ai Weiwei l'affaire Fake) d'Andreas Johnsen, Danemark/Chine/Roy. Uni 2013, 1h25

Ai Weiwei est cet artiste chinois follement inventif et effronté, en lutte depuis des années avec le pouvoir politique de son pays, et que son statut d'icône internationale expose et protège en même temps... protège ? L'affaire Fake, c'est un procès réciproque entre la société Fake qu'il a fondée (Fake est la prononciation de Fuck en chinois, explique-t-il quelque part) et l'Etat, pour une accusation qu'il réfute de fraude fiscale. L'affaire Fake, c'est aussi l'affaire 'bidon', factice - un procès inventé et sans justice. Ai est aussi poursuivi pour pornographie à cause de photos (pudiques) de nus de groupe, etc. Le documentaire le prend au cours d'une période de probation (Ai Weiwei sorti de prison après quelques mois doit demander une autorisation pour tout déplacement) et le suit jusqu'à une étape où l'accusation est retirée - ainsi que son passeport, qu'il ne pourra récupérer.

Plusieurs niveaux d'intérêt se font jour au cours de ce film passionnant. L'un est l'extraordinaire vitalité et combativité de Ai, dont l'amour de la liberté est irrépressible mais toujours réfléchi et pesé, la référence à la liberté de tous étant sa pierre de touche constante. Un autre est le portrait d'un totalitarisme en oripeaux de décence ; Ai ayant demandé «Pourquoi m'avez-vous arrêté, et pourquoi me relâchez-vous ? - Nous pouvons t'arrêter encore à tout moment, et qui sait si tu seras relâché ?» fut la réponse. Le troisième est la double traque de Ai, traqué par la police certes, mais traqué par les media aussi, de façon effrayante : il dépend d'eux, car il tient à «être influent », sans quoi son combat n'est qu'une crispation locale et insignifiante ; mais eux le savent, et savent qu'il est un bon sujet pour l'audience et le tirage ; ils le poussent à parler, à risquer, à aller au delà des contraintes qu'il s'efforce de respecter – ce documentaire lui-même étant le produit de cet acharnement vicieux sous convert de bien-pensance et d'information. Enfin j'allais oublier le créatif, l'artiste – c'est ici uniquement du personnage politique qu'il est question, de sa confrontation au pouvoir, mais c'est parce qu'artiste qu'il existe publiquement – et on le voit sans cesse entouré de ses collègues, de ses créations, ou créant, comme dans cette amusante séquence où, gros billets de banque roses collés sur son survêt bleu marine, il prend des poses de plongeur sous les caméras et appareils photo qui l'entourent.

Gros billets de banque ? Oui, il avait dû payer une somme énorme en caution de l'appel interjeté, et une collecte spontanée – sans Téléthon ni Facebook, cela lui est interdit – lui a apporté six fois la somme nécessaire. Ce que c'est qu'un pays d'un milliard et demi d'habitants, et qui pensent...

Jacques Vercueil

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