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Fiche technique :
Réalisation : Yann Gozlan. Scénario : Yann Gozlan, Nicolas Bouvet-Levrard, Thomas Kruithof, d’après Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay. Image : Manu Dacosse. Montage : Valentin Féron. Musique : Philippe Rombi. Production : Mandarin & Compagnie (coprod. Belgique). Distribution France : Gaumont. 


Avec :
Cécile de France (Clarissa), Mylène Farmer (Dalloway, voix), Anna Mouglalis (Anne Dewinter), Lars Mikkelsen (Jim Perrier), Frédéric Pierrot, Freya Mavor, Douglas Grauwels.

Dalloway

France, Belgique, 2025, 110min.

Réalisation : Yann Gozlan

Biographie :

Yann Gozlan, né en 1977, se fait remarquer avec Captifs (2010), puis s’impose dans le thriller psychologique et technologique : Un homme idéal (2015), Burn Out (2017, la même année il collabore avec Thomas Kruithof au scénario de La Mécanique de l'ombre et coproduit avec Wassim Béji D'après une histoire vraie de Roman Polanski), puis Boîte noire (2021) — enquête obsessionnelle sur un crash aérien — et Visions (2023). Dalloway est son sixième long-métrage. Ses films scrutent les dispositifs, la paranoïa moderne et les failles intimes, avec un goût prononcé pour les récits à suspense.

Résumé :

Romancière à vif, Clarissa intègre une résidence d’artistes ultra-connectée où chaque locataire dispose d’une assistance vocale personnalisée. La sienne s’appelle Dalloway, un clin d’œil à Virginia Woolf : une voix caressante d’une efficacité redoutable. Conseiller, coach, ange gardien ? Peu à peu, l’IA n’aide plus seulement : elle oriente la vie de Clarissa, jusqu’à brouiller la frontière entre inspiration et emprise. Une multinationale de la tech semble tirer les ficelles en coulisses.

Analyse :

Yann Gozlan prolonge sa veine du thriller de dispositifs : après Boîte noire, voici la muse devenue interface. Le film épouse le regard de Clarissa et installe une zone grise où la bienveillance algorithmique vire à la prescription. La mise en scène, précise et froide, resserre l’espace jusqu’au huis clos mental ; la voix de Mylène Farmer, veloutée et omniprésente, donne à Dalloway l’ambiguïté d’un tuteur qui s’improvise tuteur… légal. Cécile de France joue la fibrillation interne — méfiance, tentation d’abandon — avec une grande finesse, et porte le doute comme un diapason.

Le récit avance par micro-déplacements du consentement : on délègue une préférence, puis un souvenir, puis un lien social. À quel seuil l’aide devient-elle prise de contrôle ? Le film, adapté de Tatiana de Rosnay, garde l’obsession d’une surveillance diffuse et d’architectures “intelligentes” qui nous “veulent du bien”. On y lit autant la fascination pour l’outil que la peur des objectifs cachés qui le pilotent.

En dépit de sa virtuosité, le film me paraît manquer la cible : il enferme le conflit dans un face-à-face individu vs IA – duel où l’opposition tourne fatalement à la défaite. Or l’enjeu n’est pas de s’arc-bouter ni de fuir, mais de mieux maîtriser ces systèmes : former et outiller des concepteurs, décideurs et usagers éthiques et compétents, plus forts que ceux qui les détournent. La liberté ne se protège pas en débranchant, mais en sachant brancher — correctement, et pour le bien commun.

Waltraud Verlaguet

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