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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Petra Biondina Volpe. Photo : Judith Kaufmann. Montage : Hansjörg Weissbrich. Musique : Emilie Levienaise-Farrouch.

Avec :
Leonie Benesch (Floria), Sonja Riesen (Bea), Selma Adin (Amélie).

En première ligne (Heldin)

Allemagne, Suisse, 2025, 92min.

Petra Biondina Volpe, née en 1970 en Suisse, étudie à la Haute École d’art de Zurich de 1992 à 1994 puis passe une année à New York. En 1997, elle intègre la Film Academy Konrad Wolf à Potsdam-Babelsberg pour des études en scénario et dramaturgie. Elle y réalise et écrit des courts métrages, puis passe aux longs métrages en 2013. L’Ordre divin (Die göttliche Ordnung, 2017) est son œuvre la plus reconnue à l’international. Elle écrit, pour la télévision, la mini-série Le Prix de la paix (Frieden, 2020) sur les conséquences de la Seconde Guerre mondiale en Suisse.

Résumé :

Le temps d'une journée, on assiste au quotidien de Floria, infirmière avec 25 patients dans son service et seulement deux infirmières de garde. En dépit du manque de moyens, elle tente d’apporter réconfort et chaleur à chacun de ses patients. Mais au fil des heures, les demandes se font de plus en plus pressantes, et malgré son professionnalisme, la situation commence dangereusement à lui échapper.

Analyse :

Avec un rythme de thriller, En première ligne se veut d'une justesse et d'une vertu presque documentaires, l'une des ambitions de la réalisatrice : "J'ai vécu avec une infirmière pendant de nombreuses années, raconte-t-elle, et j'ai observé comment les conditions se sont dégradées. Pour nous, c'était vraiment important de faire un film qui ne soit pas seulement un film mais une expérience physique."

Le troisième long métrage de la réalisatrice est résolument politique, même s'il ne s'appuie que sur des faits concrets, le fait qu’en Suisse alémanique, le manque de moyens de l'hôpital public est critique (le même constat pourrait être fait en France). Le film rend hommage aux soignants hospitaliers, souvent mal payés, mal considérés, dont le travail est rythmé par les sonnettes d’appel régulières des malades. Floria répond toujours aux appels, elle marche, parfois court mais ne s’effondre jamais. Les patients se succèdent. Des visages, des mains. Parfois quelques mots échappés, parfois un soupir. On sent qu’elle voudrait offrir plus, mais le temps manque. Le film montre avec beaucoup de détails les gestes nécessaires, obligatoires, parfois de survie. A la différence de séries sur le thème de l’hôpital et de l’urgence, le film ne s’attarde pas sur un évènement dramatique, et ne montre pas d’accident. La réalisatrice nous montre la lente usure du système hospitalier. La fatigue et le sentiment de n’en faire jamais assez.

Petra Biondina Volpe filme ses patients en plans rapprochés, nous pouvons entendre leur respiration. Elle nous montre aussi les gestes de la routine hospitalière qui sont d’une grande importance : changer une perfusion, refaire un lit, poser une main sur celle d’un patient ou fermer doucement la porte de la chambre. Chaque geste a une importance bouleversante. Dans sa façon de filmer, la caméra semble s’effacer. Il y a des plans où la lumière n’existe presque pas. La magie du film tient aussi à l’attachement aux patients que nous, spectateurs, ressentons : un regard, un sourire fragile, une seconde de paix — le film reprend souffle. Il ne délivre aucun message, pas de morale, et n’adresse pas de solutions. Floria continue à avancer, et s’installe en nous un grand malaise. Comment faire pour changer les choses ? Comment contribuer à l’amélioration du système ?

Pierre Trotemann

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