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Réalisateur, scénariste et monteur, il a collaboré avec Mathieu Kassovitz et Cédric Klapisch et remporté un César du meilleur montage pour Harry, un ami qui vous veut du bien (2000). Il a réalisé des documentaires engagés pour la télévision, dont la série Le siècle de Costa-Gavras (Cannes 2024). Après les nouveaux chiens de garde (2011), La (très) grande évasion (2022) a été sélectionné au Festival de San Sebastian.
Résumé :
Une démocratie et une dictature. Une campagne présidentielle et de l’argent noir. Une guerre et des morts. « Personne n'y comprend rien », se rassure Nicolas Sarkozy au sujet de ses liens avec le colonel Kadhafi. Alors que s’ouvre le procès de l’affaire des financements libyens, voici le film qui va enfin vous permettre de tout comprendre à l’un des scandales les plus retentissants de la Ve République.
Analyse :
Le procès public relatif au financement libyen occulte et illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 s’est ouvert le 6 janvier 2025. Pour son réalisateur le film sorti en salle le 8 janvier n’a pas vocation à faire le procès des inculpés, mais à raconter l’histoire de l’enquête de deux journalistes de Mediapart débutée en 2011, afin de donner au public les principales clés de compréhension de cette invraisemblable histoire : la corruption d’une démocratie, la nôtre, par une dictature, la Libye de Kadhafi, à laquelle on va finir par faire la guerre. Le titre est un clin d’oeil à Nicolas Sarkozy, dont la stratégie dans cette affaire, comme dans d’autres, a toujours été de se donner le rôle du persécuté et d’en appeler au bon sens de l’opinion publique. De fait les premiers articles de Mediapart sur le sujet datent d’il y a 14 ans, et le livre que Fabrice Arfi et Karl Laske ont écrit sur l’affaire - Avec les compliments du Guide, Fayard 2017 - fait plus de 400 pages, risquant donc de décourager les gens de s’y intéresser. Pour atteindre son but de clarification, Yannick Kergoat met en place avec son équipe un dispositif qui repose essentiellement sur le montage. Celui-ci met en avant l’un après l’autre les personnages clés, décryptant les liens entre chacun et leurs interventions respectives, pour aboutir à un récit limpide et implacable alternant archives - presque exclusivement des images de télévision du début des années 1990 jusqu’à aujourd’hui -, commentaires et entretiens. Cette écriture favorise la fluidité et la compréhension d’une histoire du passé racontée au présent du récit de l’enquête. Deux éléments y contribuent de surcroît : le lieu unique du dévoilement temporel du kaléidoscope des faits - un appartement choisi par hasard et par nécessité - et le commentaire en voix off confié à la généreuse actrice Florence Loiret Caille. Ce documentaire méticuleux et salubre apparu sur les écrans en prélude au procès peut faire redouter une grave atteinte à l’image de la France dans le monde. Néanmoins l’enquête courageuse et tenace de ces deux journalistes sur une affaire de cette ampleur internationale montre aussi que des contre-pouvoirs fonctionnent encore dans notre démocratie, et qu’à force de travail et d’obstination la vérité des faits peut émerger, même quand des politiques mafieux ont tout fait pour la dissimuler. A la fin de la projection le film est applaudi par une salle édifiée, accablée mais reconnaissante.
Jean-Michel Zucker
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