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Italo-Français né en 1992, Piero Usberti étudie la philosophie à Turin puis se tourne vers la réalisation. Il est aussi comédien, notamment dans les films de son frère, Tommaso. Après un 1er documentaire sur la ville de Turin, Un altro giorno, il passe trois mois à Gaza au printemps 2018 dans le cadre d’un échange Erasmus mis en place par son père, universitaire à Sienne.
Résumé :
‘À Gaza, il faut arriver le soir au printemps, s’enfermer dans sa chambre et écouter les sons qui entrent par les fenêtres ouvertes... Nous sommes en 2018. J’ai 25 ans et je suis un voyageur étranger. Je rencontre de jeunes palestiniens de mon âge’.
Analyse :
Journal cinématographique tourné en 2018, ce film est une ode à une jeunesse pleine de vie, mais lucide et désespérée car les gazaouis - plus de deux millions de personnes - vivent dans une prison à ciel ouvert, coincés entre les barbelés et la mer, où ils subissent depuis des générations l’occupation et les agressions israéliennes. L’auteur affirme que pour lui le voyage et le film ont été d’emblée indissociables. Ce voyage-film est né d’un désir politique et militant et de la rencontre à Sienne d’un étudiant palestinien qui lui raconte sa vie à Gaza. Il s’ouvre par des images de l’enterrement du photo-reporter palestinien Yasser Mortaja, assassiné à 27 ans par l’armée israélienne alors qu’il couvrait la « marche du retour », réponse à la Nakba, l’exil forcé de 1948. Rythmé par le tambour et le commentaire de la voix off chuchotée du réalisateur sur le dispositif de surveillance constant de la Palestine mis en place par les Israéliens, ce prologue à la fois politique et intime donne d'emblée son ton au film, et le spectateur, surpris et frappé par la beauté et la lumière des lieux et des visages, la force des propos, et l’éclat des sourires ne peut que s ‘émouvoir. En effet le film, d’où émane comme un murmure de résilience et de résistance, est à la fois beauté et souffrance : la plage infinie, un champ de fraises, un café chaleureux, un très beau et long plan d’un cheval et de son cavalier chevauchant la mer contrastent avec les réalités quotidiennes : des coupures d’électricité, le bruit incessant des drones, les bateaux de pêcheurs menacés par les navires de combat israéliens. Sara, Mohanad, Jumana, Mohammed évoquent aussi presque tous les aspects traditionnalistes parfois répressifs de la société palestinienne, dont le Hamas s’est servi pour asseoir son autorité. Aujourd’hui Voyage à Gaza, dont le montage s’est achevé une semaine avant le 7 octobre 2023, montre à quoi ressemblait la vie avant que tout cela ne soit détruit par les bombardements israéliens. Tourné au présent le film est devenu du passé : ces images ont été transformées en archives d’un monde totalement englouti.
Jean-Michel Zucker
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