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Avec :
Protagonistes: Yasser Louati (Militant indépendant pour les droits humains et les libertés). Les habitants des quartiers populaires. Les exilés de Paris et Calais. Les citoyens musulmans de Nice.
Chercheurs: Abdellali Hajjat (Sociologue).Vanessa Codaccioni (Chercheuse en sciences politiques). Mireille Delmas-Marty (Juriste, professeure émérite). Thomas Deltombe (Historien). Vincent Gay (Sociologue et historien).
Joseph Paris, activiste, cinéaste iconoclaste et précurseur de l'art vidéo «gauche d’auteur» -droit de copier, diffuser et transformer les oeuvres- se fait connaître avec son approche du mouvement Femen, né en 2008 en Ukraine, dans le documentaire Naked war (2014). Il a également collaboré avec Raoul Peck sur la série internationale Exterminez toutes ces brutes (2022) qui documente la colonisation et ses multiples génocides.
Résumé :
Yasser, militant des droits de l’homme et Joseph, cinéaste, interrogent, des années 80 à aujourd’hui, le phénomène du repli identitaire en France, la montée du racisme et les restrictions des libertés. Ils délivrent la parole qu’on ne veut pas entendre, en décortiquant le discours médiatique et politique, confrontant l’actualité aux archives. Pourquoi nos libertés ne cessent-elles de reculer ?
Analyse :
Trois chocs ont donné au réalisateur l’envie de réagir et de faire ce film: les attentats de 2015, la proclamation de l’état d’urgence et le discours sur la déchéance de nationalité. Tout au long des 6 ans de tournage, Joseph Paris a filmé et analysé les événements qui ont exacerbé l’islamophobie et la restriction des libertés dans «le pays des droits de l’Homme». Il est allé à la rencontre de citoyens pris pour cibles de ces politiques, d’intellectuels qui analysent le recul des libertés publiques, et d'activistes qui tentent d’y résister. Rencontré en cours de travail, le Français musulman Yasser Louati, en phase avec le message du pasteur Niemöller concernant les minorités («quand ils sont venus chercher…»), est devenu un partenaire privilégié de Joseph Paris et lui a servi de boussole. Déchéance de nationalité, attentat terroriste au camion de Nice, port du voile islamique et du burkini, violences policières, état d’urgence permanent, gilets jaunes sont autant d’occasion de montrer comment le prétexte de la lutte contre l’intégrisme islamique a permis l’instrumentalisation politique et l’amplification médiatique du ciblage de la minorité musulmane. Celui-ci a conduit inévitablement, avec les violences policières, à la mise en péril de l’état de droit pris en étau entre les tirs terroristes et les tirs de LBD, ce que souligne dans le film, au cours du dernier entretien qu’elle a donné, Mireille Delmas-Marty. Grâce à la mise en perspective de ces faits récents avec les images édifiantes des grèves des ouvriers immigrés dans l’industrie automobile en 1981-83 -dont le caractère politique a été dénié au profit d’une soi-disant revendication islamiste- le cinéaste montre comment il a été facile d’accréditer auprès d’un très grand nombre de Français «de souche» la conviction que le problème c’est l’immigration. Enfin par son parti-pris formel de montage -le remaniement et le déchiquetage très étudié, très varié et parfois burlesque des images d’archives et des plans filmés de Paris- le réalisateur invite avec une efficacité redoutable le spectateur à réfléchir aux manipulations politiques et médiatiques qu’il dénonce.
Jean-Michel Zucker
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