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Avec :
Ilinca Manolache (Angela / Bobita), Nina Hoss (Doris Goethe), Ovidiu Pîrșan (le rescapé du coma), Katia Pascariu (Emi).
Mention spéciale du jury oecumenique Locarno 2023
Réalisation : Radu JudeRadu Jude, cinéaste roumain né en 1977, a commencé assistant de Costa-Gavras pour Amen (2002). Après un diplôme en réalisation à l'université de Bucarest (2003), puis une série télévisée et des courts métrages, en 2009 son premier long, La Fille la plus heureuse du monde (Cea mai fericită fată din lume) est primé à Berlin. Autres films primés : Aferim!, Ours d'argent à Berlin, 2015 ; Peu m'importe si l'Histoire nous considère comme des barbares (Îmi este indiferent daca în istorie vom intra ca barbari ), Globe de cristal à Karlovy Vary, 2018 ; Bad Luck Banging or Loony Porn (Babardeală cu bucluc sau porno balamuc), Ours d'or à Berlin, 2021. N’attendez pas... est prix spécial du jury à Locarno où le Jury œcuménique lui décerne une mention spéciale.
Résumé :
Angela, assistante de production, parcourt en voiture la ville de Bucarest pour recueillir des entretiens avec des victimes d'accidents, afin de servir à une publicité sur la sécurité au travail, commandée par une compagnie d'assurances internationale.
Analyse :
N'attendez pas trop... prend la forme principalement d'un portrait de jeune femme indépendante, aux prises avec une existence qui lui demande une débauche permanente d'énergie à laquelle elle fait face avec courage et sans espoir. Les seules attaches qu'elle se permet sont des parenthèses volées au rythme écrasant qu'exige sa survie. Dans le carrousel impitoyable, filmé en N&B, qui la harcèle du matin à la nuit, ponctué par les interventions de sa hiérarchie exigeante et les incidents du quotidien, s'insèrent des images en couleurs : d'une part, sur TikTok, un avatar bouffon, grossier et provocant, qu'Angela s'est créé pour se défouler ; d'autre part, des extraits d'un vieux film (Angela va de l'avant, de Lucian Bratu, 1981) où son homonyme chauffeure de taxi, elle aussi ballotée dans la ville, sert en quelque sort de témoignage comparatif à travers le temps.
La critique de la vie actuelle, post-communiste et désormais 'uberisée', est ainsi confrontée au possible repoussoir que devrait être le rappel de la société sous Ceaucescu, justifiant le titre du film. L'intervention d'une dirigeante autrichienne de la compagnie, venue 'tâter le terrain', illustre en outre la distance établie entre la réalité vécue par les Roumains et sa perception par les Européens de l'Ouest. Cette critique sociale semble crédible et est bien mise en place par les éléments narratifs et descriptifs de cette réalisation.
Mais fallait-il tant de temps pour cela – cent soixante trois minutes ? Les innombrables plans fixes d'Angela dans sa voiture, prise dans les encombrements et soumise à l'énervement qui gagne tout le monde, ainsi que la répétition insupportable des prises de vue du discours du dernier interviewé, retouchées par la production jusqu'à disparaître au profit d'un 'blanc' que celle-ci remplira à son gré, sont des exemples de punitions assénées au public du film. Faisons-lui confiance, il aurait pu comprendre le message à moindres frais.
Jacques Vercueil
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