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Avec :
Kazunari Ninomiya (Masashi Asada), Haru Kuroki (Wakana), Satoshi Tsumabuki (Yukihiro Asada le frère), Jun Fubuki (Junko Asada la mère), Mitsuru Hirata (Akira Asada le père), Masaki Suda (Ono).
Né en 1973, Ryôta Nakano décida après l'université de faire des films, étudia à la Japan Film School et après des débuts difficiles d'assistant-réalisateur, reprit confiance en tournant Capturing Dad (2012, traitant déjà de la photo-souvenir). Le suivant, *Son amour réchauffe l'eau du bain (Yu o Wakasu Hodo no Atsui A), fut un succès (2017) puis vint *Un long adieu (Nagai owakare), 2019, deux films ayant la mort et la famille pour sujet.
Résumé :
Dans la famille Asada, père, mère et deux fils, le cadet reçoit un appareil photo et se passionne pour ce nouveau jeu qui l'accompagnera toute sa vie. Après s'être spécialisé dans des mises en scènes astucieuses de photos de famille, il se consacre au sauvetage de photos recueillies dans les décombres du terrible tremblement de terre et tsunami de 2011.
Analyse :
Le film, en partie biographique, est basé sur l’album photo d’une vraie famille japonaise. Le héros, Masashi, commence grâce au retardateur par photographier sa famille, papa maman et les fils, en composant des scènes, costumes et attitudes, censées chacune évoquer le rêve de l'un ou l'une d'entre eux : pompier, pilote de Formule Un, riche épouse de yakuza... Ainsi se mêlent, pour la distraction des spectateurs, attention aux proches, imagination créative, amusement des personnages eux-mêmes, tout ceci baignant dans une solide affection mutuelle que de légères frictions n'écorneront en rien. Les images produites sont d'une grande naïveté, du genre léché et sans naturel d'un catalogue pour vente par correspondance de vêtements et tenues ; mais la recette semble assez bonne pour que, avec l'aide d'une éditrice pocharde mais convaincue, d'autres familles demandent à subir le même traitement, et le succès de Masashi, qui était parmi les siens plutôt vilain petit canard, en fait le grand pourvoyeur familial.
Un changement dramatique de climat dans le film est annoncé par l'apparition sur l'écran de la date du 11 mars 2011. La catastrophe naturelle qui frappa alors la côte sud-est de Honshu, région où vit la famille Asada, devient le contexte du récit ; on abandonne la rigolade sympathique pour s'investir dans la compassion solidaire. Masashi se dévoue, avec d'autres volontaires, à la récupération, au nettoyage et à l'affichage des photos récupérées dans les boues de l'inondation, au service de celles et ceux qui voudraient y retrouver trace de leurs vies et de leurs proches. Cette fascination pour la photographie, sans doute pas spécifique des Japonais malgré l'obstination à fixer sur pellicule sans aucune retenue tous halls d'aéroports, salles d'embarquement et escaliers de métro qui leur fut un temps attribuée en Europe, est rationalisée par la vertu de ces images de figer l'instant présent pour l'éternité, comme une pyramide égyptienne, mais pour beaucoup moins cher.
Le clin d'œil final nous ramène à l'atmosphère potache du début du film ; mais le basculement effectué au cours du film entre moments d'émotion et moments de détente, voire d'autodérision, n'est pas très confortable. La soudure entre ces deux dimensions est assumée par le lien établi entre passé et présent, vécu et souvenir, perte et mémoire, mais on peut trouver exagéré le rôle décisif que prend alors, dans une vision tout empreinte de bienveillance, la miraculeuse petite boîte noire de Niepce et Daguerre.
Jacques Vercueil
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