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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Sébastien Marnier - Photographie : Romain Carcanade - Montage : Jean-Baptiste Baudoin – Musique : Pierre Lapointe - Production : Avenue B Production – Distribution : The Jokers/Les Bookmakers.

Avec :
Laure Calamy (Stéphane), Dominique Blanc (Louise), Jacques Weber (Serge), Doria Tiller (George), Céleste Brunnquell (Jeanne), Véronique Ruggia Saura (Agnès), Suzanne Clément (la détenue).

L’Origine du mal

France, 2022, 125min.

Sébastien Marnier (45 ans) est né en Seine-Saint-Denis. Ses débuts sont loin d’être faciles. Il obtient une licence de cinéma à Paris VIII à 21 ans et tourne son premier court-métrage. Il connait alors des problèmes de financement, enchaîne les petits boulots, s’acharne et finit par tourner Irréprochable (2015), un thriller salué par Positif, puis L’Heure de la sortie (2019), encore un thriller. Ce troisième long-métrage A l’origine du mal confirme le talent et le style propres à ce réalisateur qui excelle à mêler le drôle et l’horreur, l’outrance et la profondeur.

Résumé :

Comment Stéphane, modeste ouvrière dans une conserverie de poisson, parvient à retrouver les traces de Serge, un père inconnu, qui coule des jours heureux dans sa somptueuse villa de Porquerolles. Comment Stéphane, invitée par ce père tout juste retrouvé à rejoindre sa famille, est accueillie sans chaleur par le clan des femmes : l’épouse, la fille, la petite-fille, la servante, ambiguës à souhait. Comment il s’avère que Stéphane n’a pas de carte d’identité…

Analyse :

C’est un vrai cadeau de cinéma que nous offre Sébastien Marnier dans son 3ème long-métrage : une comédie noire et jubilatoire, une mise en scène époustouflante, un décor ahurissant, l’ambiance d’un Chabrol entre drôlerie et cruauté. Ajoutez à ce tableau d’honneur une brochette d’acteurs remarquables dont Laure Calamy, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, Dominique Blanc, méconnaissable en épouse excentrique et Jacques Weber plus vrai que nature en patriarche impénétrable.

A peine la jeune Stéphane a-t-elle pénétré dans la villa paternelle que le spectateur est envahi par la prémonition d’un drame : une ambiance trouble vous saisit à la gorge. Stéphane est introduite par Agnès, une servante un peu trop stylée, dans un immense salon où l’accueillent le regard fixe d’animaux empaillés, une profusion de plantes parfois carnivores, un amas hétéroclite de tableaux, miroirs, luminaires, fauteuils et canapés. Passé le premier moment de stupéfaction anxieuse, Stéphane fait la connaissance de Louise, l’épouse fantasque de son père, de George, la fille aînée d’une froideur glaciale. Elle vient de reprendre les affaires de son richissime père affaibli par un récent AVC. Et enfin Jeanne, la fille de George, qui ne parle guère et ne cesse de prendre des photos. Bref : un monde de femmes. On pressent que se joue là une pièce inquiétante dont on ne saisit pas bien les enjeux. Stéphane, la fille oubliée, si douce, si serviable, pourrait bien être l’élément perturbateur venu de l’extérieur qui va déstabiliser puis faire basculer ce petit monde qui semble fonctionner selon des règles bien établies. Alors attention : on vous ment…

Sébastien Marnier dissémine tout au long de la narration des indices qui nous intriguent et nous égarent jusqu’à la révélation finale. Il nous livre un thriller psychologique qui sous une forme baroque révèle la détresse et la noirceur d’un être prêt à tout pour retrouver une appartenance. Serait-ce là l’origine du mal ?

Françoise Lods

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