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Avec :
Sandrine Kiberlain (Charlotte) ; Vincent Macaigne (Simon) ; Georgia Scallet (Louise).
Emmanuel Mouret né en 1970, est un réalisateur, scénariste et acteur français. Originaire de Marseille, il intègre la FEMIS (département réalisation) dont il sort en 1998. Héritier de Rohmer et Woody Allen, c’est le cinéaste de la relation amoureuse, Laissons Lucie faire (2000), Vénus et Fleur (2004), Changement d’adresse (2006), Un baiser s’il vous plait (2007). En 2018, il s'attaque au film en costumes avec Mademoiselle de Jonquières, puis Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2025). Chronique d’une liaison passagère a été présenté à Cannes 2022.
Résumé :
Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité…
Analyse :
Emmanuel Mouret, cinéaste du rapport amoureux, creuse son sillon davantage à chaque film jusqu’à atteindre la perfection. Chronique d’une liaison passagère est une perfection de subtilité, de délicatesse, d’intelligence, où le non-dit parle autant que le discours pourtant nourri et foisonnant. Une chronique sur le discours amoureux qui fait immédiatement penser à Barthes (Fragments d’un discours amoureux), tant il est riche et intelligent. D’aucuns trouveront ce film bavard. Mais comment ne pas apprécier des dialogues aussi fins, subtils, raffinés, élégants et drôles ? Du point de vue cinématographique le réalisateur se rapproche de ceux qu’il admire, en particulier Woody Allen (Annie Hall notamment) ou Rohmer. Charlotte, célibataire veut vivre un amour libre, uniquement physique, libéré de toute passion, de tout attachement, donc de toute contrainte et tourment. Elle entraîne dans son désir Simon, marié, qui veut et ne veut pas. Il n’a jamais trompé sa femme. Il veut bien franchir le pas tant il est attiré par Charlotte, mais on est bien d’accord, aux conditions qu’elle a fixées. Il est coincé, gauche, peureux, hésitant. Elle est la locomotive, décidée, entreprenante, audacieuse ; il suit. Le réalisateur a le bon goût et la pudeur de ne rien montrer de leurs ébats. Car là n’est pas son propos. Il préfère nous associer à l’évolution de cette relation au fil de leurs rencontres dans les musées, les parcs, à l’hôtel aussi. Au début, c’est un parfait marivaudage. Mais ces deux là s’entendent trop bien, sont beaucoup trop complices, et on imagine aisément que contrairement à leur pacte de départ, ils vivent bel et bien une histoire d’amour. On entre alors dans la gravité. Cette œuvre qui se voulait donc légère ne l’est pas autant qu’on l’avait imaginé.
Le film est également un festival de musique classique, les notes subtiles de Mozart mais aussi Haendel, Chostakovitch, Poulenc, et la merveilleuse voix de Juliette Greco chantant La Javanaise de Serge Gainsbourg.
Un petit bijou de film, réjouissant, brillant, séduisant, sensible, profond et délicat, qui sonde la complexité du rapport amoureux, porté par deux magnifiques acteurs.
Marie-Jeanne Campana
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