PROtestants et FILmophiles

PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain

ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS

Fiche technique :
Réalisatrice : Carla Simon. Scénario : Carla Simon et Arnau Vilaro. Photographie : Daniela Cajias. Montage : Ana Plaff. Musique : Ernest Pipo.

Avec :
Des acteurs non professionnels, cultivateurs pratiquant un dialecte catalan spécifique, formés sur les lieux du tournage pendant 4 mois dans une maison louée à cet effet pour constituer une « famille » crédible à l’écran. Anna Otin (Dolores), Albert Bosch (Roger), Ainet Jounou (Ines), Jordi Pujol (Dolcet)

Nos soleils (Alcarràs)

Espagne, Italie, 2022, 120min.

Compétition officielle Berlin 2022, L'Ours d'or

Carla Simon, née en 1986 à Barcelone, est une réalisatrice et scénariste espagnole qui a grandi à la campagne, découvrant le cinéma au lycée. Après des études de communication visuelle à Barcelone, elle a passé un an en Californie à « respirer l’optimisme américain ». En fin de cursus à la London Film School, elle a écrit le scénario d’un premier long métrage, Eté 93 (2017). Nos soleils a reçu l’ Ours d’or à la Berlinale 2023. Carla Simon a reçu le Goya du meilleur réalisateur en 2023.

Résumé :

Nos soleils brosse le dernier été d’une famille de cultivateurs de pêches, menacés d’expulsion après la requalification de leurs terres en parc photovoltaïque, à Alcarras, un petit village de Catalogne.

Analyse :

Les trois générations de la famille Solé vivent ce dernier été : les enfants sont joyeux, font des bêtises, mais ne sont pas les derniers à observer les adultes, parents, oncles et tantes, et grand-parents qui réagissent selon leur âge. Le père de famille essaie de continuer à jouer son rôle d’éducateur et de chef de famille… cela amuse les enfants. Sans doute davantage de disputes que les années précédentes, on voit un ado entrer dans une boîte de nuit pour fuir les semonces des aînés et le travail… qu’il reprend le lendemain sans rechigner. La famille se regroupe autour de cette exploitation condamnée, de nombreuses disputes vont jusqu’au bord de la rupture des liens familiaux, mais l’on ne peut qu’imaginer que tous se retrouveront dans une autre configuration de travail. Une image finale les présente tous ensemble à attendre la vie qui les attend ; sans soleil, en ligne, fantômes dans la pénombre assistant à ce qui est attendu. Le titre originel, Alcarràs, géographique, évoque l’été méditerranéen, le paradis perdu de la cueillette, l’espoir dans l’avenir ensoleillé, le soleil permanent qui irradie les activités pourtant pénibles. La lumière ne viendra-t-elle pas aussi de cette production d’électricité par ces panneaux solaires ? C’est un film juste, peut-être pas du grand cinéma, mais une histoire dont le sujet est à la fois très contemporain et éternel sur les changements de mode de vie, ici avec l’installation de panneaux solaires et autres éoliennes bruyantes qui modifient les paysages agricoles. Cela rappelle d’autres transformations, comme celle des villages méditerranéens, français, italiens ou espagnols, dans l’après-guerre sans eau courante ni électricité mais cultivant l’olivier, les légumes de la ratatouille, les violettes ou le jasmin. Ce qui est agréable dans ce film, c’est le ton juste des discussions ou des disputes, sans rien de désespérant, sans longueurs, l’amour familial ou vital aura raison de la fin des cultures. Les jeunes reconstruiront le monde, on le voit dans le jeu des regards, notamment des enfants sur les adultes et inversement. Certes les « vieux » ne seront plus dans la course. Mais le grand frère et les plus petits prendront le relais, cela se voit et s’entend, sans grandes leçons de vie. Le soleil et la gaieté parlent. L’amour familial ou vital pourrait surmonter le changement de mode de vie.

Marie-Elisabeth Allainmat

Autres articles sur ce film