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Avec :
Adam Driver (Henry McHenry) ; Marion Cotillard (Ann Desfranoux), Simon Helberg (Chef d’orchestre), Devyn McDowell (Annette).
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2021
Réalisation : Leos CaraxLe réalisateur est français par son père et américain par sa mère, tous deux journalistes. Il se considère né à 17 ans, âge auquel il a choisi son nom actuel, pour « être orphelin » et voler de ses propres ailes comme la petite Annette de ce film. Ses œuvres sont rares et espacées : 7 films en 37 ans de carrière entre Boy Meets Girl (1984) et Annette (2021), mais son style poétique et sincère, particulièrement dans Les Amants du Pont-Neuf (1991), a suscité l'intérêt et le respect de la critique.
Résumé :
Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce et Anne, une cantatrice de renommée internationale. La naissance de leur petite fille Annette les comble de joie. Mais la vie sous les projecteurs attise les médisances et Henry perd progressivement son public.
Analyse :
Ron et Russell Mael ont fondé en 1968 le groupe pop-rock des Sparks. Ils ont voulu créer, en 2011, leur première comédie musicale Annette mais n'en ont terminé que l'album. Une rencontre imprévue avec Leos Carax – qui avait utilisé une de leur chanson dans Holy Motors – a bousculé leur plan. Le cinéaste a été tellement séduit par le livret, qu'il a voulu en faire un film.
Annette est un film musical sans la danse, fait d'émotions intérieures, de verbe, de mort et de naissance. Il faut 'contenir son souffle' comme Carax lui-même le préconise avec humour dans le prologue. Anne dans son chant et Henry McHenry dans son rire sont tous deux liés par le souffle. Le rythme musical, une création de souffle, est un personnage indispensable au drame. Pendant l'accouchement, c'est le souffle d'Anne qui donnera la vie à Annette.
Mais le couple est déstabilisé. « Ce que je trouve en elle est évident, ce qu'elle voit en moi est plus déroutant » dit Henry qui devient jaloux du succès d'Anne. Il évolue, sans grand succès, de la parole au mime. Après la mort de sa femme, « plus rien n'est sacré », il utilise alors, pour des shows, l'enfant dotée, par le fantôme de sa mère, de la voix de celle-ci.
Annette, entre quatre et cinq ans, est représentée comme une grande poupée articulée comme il en existait au début du XX° siècle. Celle-ci est animée par des marionnettistes (invisibles bien sûr) ce qui est un peu dérangeant pour le spectateur, mais Leos Carax refusait toute intervention digitale. Ce n'est qu'à la toute fin du film qu'elle est remplacée par une petite fille, qui veut cesser d'être un objet et voler enfin de ses propres ailes : « Oui, j’ai changé, dit-elle, et c’est fini. Maintenant, tu n’as personne à aimer.» Ce qui met en évidence qu'un enfant demande à son père son amour, mais un amour totalement désintéressé et peut le punir d'une telle lacune.
Comme tous ses films antérieurs (trop peu nombreux) Annette est, au premier abord, très déconcertant. puis attachant : on peut deviner que le réalisateur embarque sa propre vie dans l'aventure ; sa vie dans le désordre, avec ses découvertes, ses ressentis, son enfance.
Nicole Vercueil
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