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Fiche technique :
réalisation et scénario, Benjamín Naishtat ; image, Pedro Sotero ; montage, Andrès Quaranta ; musique, Vincent van Warmerdam ; distribution France, Condor Distribution.

Avec :
Dario Grandinetti (Claudio), Andrea Frigerio (Susana son épouse), Laura Grandinetti (Paula leur fille), Diego Cremonesi (Dieguito le 'hippie'), Alfredo Castro (Sinclair le détective), Susana Pampín (l'enseignante)

Rojo

Argentine, Brésil, France, Allemagne, Pays-Bas, 2019, 109min.

Réalisation : Benjamin Naishtat

Biographie :

Benjamín Naishtat, né en 1986 à Buenos Aires, y étudie à l’Université de cinéma puis en France (le Fresnoy - Studio national des arts contemporains). Après des films d'apprentissage ou d'expérimentation, ses deux premiers longs métrages Historia del miedo (Histoire de la peur, 2014 1h20, en compétition à la Berlinale) et El Movimiento (Le mouvement, 2015 67 min, sélectionné à Locarno) traitent de sociétés en convulsion, ainsi que Rojo qui a fait ses débuts au TIFF de Toronto et à San Sebastian (meilleur acteur, meilleur réalisateur et meilleure photo). 

Résumé :

Claudio, avocat et bourgeois tranquille, après une vive altercation avec un inconnu provocateur, est confronté au décès de celui-ci. Il tente de poursuivre sa vie rangée, mais un enquêteur perspicace le met face à ses monstres et à ceux d'une société en voie de fascisation.

Analyse :

L'entreprise de Rojo n'est pas facile : non pas évoquer directement, comme l'on fait bien des films de valeur consacrés à la dictature argentine des années 1970-80, les crimes et souffrances de cette période, mais faire sentir la mise en place au sein de la société d'un climat propice qui en a préparé le terrain. Les deux premières scènes, pré- et post-générique initial, y parviennent avec virtuosité, il vaut de s'y arrêter.

Le film s'ouvre sur un plan séquence, fixe et muet, comme la scène d'un théâtre. En fond, une grosse maison de ville, opulente sans forfanterie, fermée, dont la petite porte centrale s'ouvre de temps en temps. En sortent peu à peu divers personnages, bras chargés de bric-à-brac, qui s'égayent dans les environs : pillage tranquille d'une riche demeure abandonnée. Tout est là : la façade respectable, les occupants disparus, le voisinage au courant, pas un mot, on profite ; ces voisins ne sont pas des va-nu-pieds.

La seconde scène, flamboyante, est toute différente : violente altercation verbale entre deux clients d'un restaurant animé. Le discours cruel assené par l'homme debout à son provocateur assis à sa place prend bientôt une ampleur que lui confère l'interruption des conversations de toutes les autres tables ; puis le discours s'achève, les bavardages animés reprennent, avant l'explosion incontrôlée de l'humilié. La tension créée sur les individus par une situation qu'ils ne peuvent supporter ni contrôler provoquera à plusieurs reprises, au cours de cette histoire, des bouffées délirantes qui les jettent hors de leurs gonds.

La suite du film développe, sans toujours assez de rythme, le train-train des vies bourgeoises de Claudio, avocat, sa femme et sa fille Paula. Magouille immobilière, avec un prête-nom qui doit bien trouver moyen de gagner sa vie, la corruption indispensable ne fera pas défaut... Un perspicace détective privé, à la recherche d'un disparu, mettra du piquant dans le scénario ; et tandis que circule dans la salle des cérémonies scolaires la rumeur du coup d'Etat, le discours de l'enseignante est surréaliste : « L'Argentine a tout pour elle, plaines fertiles, montagnes superbes, fleuves puissants, et surtout son peuple, heureux d'aller chaque matin travailler et demandant seulement qu'on le lui laisse faire en paix. »

A noter aussi, référence insistante, l'amitié revendiquée avec le peuple frère des Etats-Unis : et c'est dans une voiture copie conforme de celles d'American Graffiti que circulent les copains de Paula, auteurs confiants d'une disparition de plus.

Jacques Vercueil

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