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Avec :
Chris Hitchen (Ricky) ; Debbie Honeywood (Abby) ; Rhys Stone (Seb) ; Kathie Proctor (Lisa Jane); Charley Richmond (Henry)
Ken Loach, né en 1936, études de droit à Oxford, débute dans la réalisation de films télévisés consacrés à des problèmes sociaux. Son second film Kes (1970) le fait apprécier du public au Festival de Cannes. Les suivants y engrangeront de nombreux prix dont le Prix du Jury pour Secret défense en 1993, la Palme d'or en 2006 pour Le vent se lève et en 2016 pour Moi Daniel Blake qui a aussi reçu le Prix du jury œcuménique.
Résumé :
Rick, pour se constituer un premier apport pour l'achat d'un futur appartement, décide de prendre de l'indépendance en devenant un chauffeur-livreur franchisé. Abby son épouse, aide soignante à domicile, accepte de vendre sa voiture pour acheter le camion qui permettra de remettre en selle la petite famille. Tous deux travaillent dur et comptent sur leurs enfants pour les aider en se prenant en charge aussi bien que possible pendant leur absence.
Analyse :
La famille dont traite ici Ken Loach n'est pas complètement démunie : Ricky et Abby travaillent tous deux, mais gagnent peu. Nous découvrons d'une part les effets de l'ubérisation, et de l'autre les graves conséquences sur les enfants, Seb (16 ans) et Lisa Jane (11 ans), de l'absence des parents durant la journée.
Nous avons affaire à une nouvelle forme d'exploitation, puisque Ricky est travailleur indépendant, propriétaire et seul responsable de son instrument de travail (donc des contraventions...). Mais il est lié à la société qui l'emploie par un contrat léonin qui lui interdit, par exemple, d'emmener sa fille dans son propre véhicule pendant sa tournée et le taxe à chaque retard. La pression est tellement intense que, même blessé, il retournera immédiatement au travail au lieu de se faire soigner à l'hôpital.
Les personnages sont attachants. Frère et sœur sont très liés et dînent ensemble le soir devant la télé, mais Seb, le révolté, va rarement à l'école et s'échappe la nuit avec un groupe de copains, pour créer ses graffitis. Abby considère qu'elle doit s'occuper de chaque personne à sa charge comme s'il s'agissait de sa propre mère, elle est d'un dévouement exemplaire. Ricky rêve d'un bel avenir de réussite pour ses enfants. Le couple est aimant mais les difficultés vont intensifier les disputes. Quelques moments de bonheur cependant : la journée de travail de Ricky avec Lisa Jane où tous les deux sont joyeux de se retrouver et la petite fille fière d'aider son père.
Ken Loach critique dans ce film l'habitude que nous avons prise de nous faire livrer nos achats sur Internet : « Le marché ne se préoccupe pas de nos conditions de vie, dit-il, ce qui l'intéresse c'est de gagner de l'argent, et les deux ne sont pas compatibles » , les travaux sans grande qualification seront bientôt de plus en plus souvent effectués par des robots, affectant de nombreuses familles qui ne pourront plus acheter ce dont elles ont besoin. L'économie en sortira affaiblie, un cercle vicieux en somme. Selon lui toute l'organisation de la société serait à repenser...
Le film semble ne laisser que très peu d'espoir à Ricky et Abby pour sortir de ce mauvais pas. Le film Moi Daniel Blake était très pessimiste aussi. Il faut remonter à Looking for Eric (2009) pour trouver une ouverture à travers la solidarité.
Nicole Vercueil
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