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Fiche technique :
 - Photographie: Yolande Zauberman - Son : Sélim Nassib - Montage : Raphaël Lefèvre - Montage son : Philippe Deschamps et Xavier Thieulin - Mixage : Xavier Thieulin - Production: CG Cinéma, Phobic Films - Distribution: New Story.

Avec :
Avec Menahem Lang (M)

M

France, 2019, 106min.

Réalisation : Nadav Lapid, Yolande Zauberman

Biographie :

Après avoir travaillé avec Amos Gitaï, cette documentariste s’inscrit dans la tradition d’un cinéma direct visant à libérer la parole, dans une confrontation à la réalité du tournage qui, au-delà du document, atteint le réel (Classified people, Moi Ivan, toi Abraham, Un juif à la mer, Would you have sex with an arab ?).

Résumé :

A l’âge de vingt ans, et à la suite d’une enfance douloureuse marquée par des viols répétés infligés par des rabbins, Menahem Lang a quitté sa ville natale de Bnei Brak, capitale du judaïsme ultra-orthodoxe, proche de Tel-Aviv. Il y retourne aujourd’hui, douze ans plus tard, accompagné par Yolande Zauberman. C’est ce retour dans son passé et ses non-dits que nous fait suivre le film, cette plongée dans le monde d’hier, avec ses rencontres fantomatiques.

Analyse :

La vision de M,qui a obtenu le prix du jury à Locarno, est à la fois glaçante, parce que l’évocation de la destruction d’un enfant par un adulte est insupportable, mais exaltante aussi parce que le courage du protagoniste dans son entreprise de dénonciation du saccage couvert par la religion permet de continuer à croire en l’homme. Enfant maudit dont l’initiale du prénom donne son titre au film, Menahem a été abusé régulièrement dans son enfance, alors qu’il était chantre à la synagogue. C’est au prix d’un grand scandale en Israël qu’il a dénoncé à la télévision ses prédateurs. Ce film a été pour l’essentiel tourné la nuit car il évoque le paroxysme d’une souffrance innommable. Malgré le défi apparemment insensé pour une femme de s’infiltrer dans ce milieu, la réalisatrice, bouleversée par l’histoire de M, l’a convaincu d’accepter de cheminer avec elle et dès lors de vivre sous la caméra ce retour « sur les lieux du crime », cette confrontation avec son passé douloureux dans une communauté à laquelle il reste paradoxalement profondément attaché. Se déroulent sous nos yeux une série de scènes surréalistes qui nous emmènent vers l’immeuble où le rabbin abusait de M, vers le cimetière où des centaines d’enfants subissaient le même sort, à la synagogue où il a été éduqué, violé, s’est marié et a divorcé, dans le quartier enfin de son dernier agresseur qu’il interpelle de la rue. Ce qui fait le prix du film, c’est tout d’abord la présence humaine extraordinairement chaleureuse de Menahem, intrépide chevalier aux yeux clairs et au sourire éclatant, qui veut faire surgir la vérité et libérer la parole à n’importe quel prix, suscitant sur ses pas les témoignages des victimes. C’est ensuite l’immersion que nous permet Yolande Zauberman dans une communauté yiddishophone qui, loin d’être silencieuse hostile et impénétrable, est au contraire bavarde, et chante et danse comme dans Rabbi Jacob. Il y a enfin les moments de grande émotion que sont par exemple les retrouvailles de M avec ses parents ou le bouleversant chant religieux qu’il fait s’élever vers Dieu avec les compagnons de sa jeunesse meurtrie. Il y a surtout ces visages de l’intimité offerts à la caméra et la démonstration de l’efficacité du documentaire lorsqu’il atteint ce degré de maîtrise.

Jean-Michel Zucker

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  • Emission Champ Contrechamp du 26 mars 2019 Jean Lods et Françoise Lods, Jean-Michel Zucker, Jacques Champeaux,


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