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Avec :
Melvil Poupaud (Alexandre Guérin), Denis Ménochet (François Debord), Swann Arlaud (Emmanuel Thomassin), Eric Caravaca (Gilles Peyret), Bernard Verlet (père Bernard Preynat), François Mathouret (cardinal Barbarin), Martine Erhel (Régine Maire), Josiane Balasko (Irène, mère d’Emmanuel), Hélène Vincent (Odile Debord) , Aurélia Petit (Marie Guérin).
François Ozon, né en 1967 et entré à la Fémis en 1992, a réalisé en vingt ans 18 longs métrages empruntant à tous les genres : fantastique (Les Amants criminels, 1999), intimisme (Sous le sable, 2001), thriller (Swimming pool, 2003), film en costumes (Angel, 2007), sociétal (la prostitution : Jeune et jolie, 2013), érotisme (L‘ amant double, 2017). Grâce à Dieu a reçu le grand prix du jury à la Berlinale 2019.
Résumé :
Alexandre Guérin, quadragénaire lyonnais, catholique et père de cinq enfants, apprend que le père Preynat qui lui a fait subir des attouchements sexuels dans son enfance, est toujours en activité auprès de jeunes, malgré les promesses du cardinal Barbarin. Il décide de mettre un terme à ce scandale.
Analyse :
Avec Grâce à Dieu, François Ozon livre un film émouvant et prenant, qui laisse scandalisé et sidéré. D’une actualité brûlante dès sa sortie en France avec le procès du cardinal Barbarin pour non dénonciation d’agressions sexuelles de mineurs ainsi qu’un conclave papal sur la pédophilie, ce brûlot montre une nouvelle fois la force du cinéma-témoignage. Il devrait contribuer à révéler et peut-être à alléger les traumatismes subis par les adultes ayant été confrontés dans leur enfance à des prêtres pervers. Le réalisateur, dont l’idée première était de parler de fragilité masculine, s’est orienté sur cette affaire de pédophilie après avoir lu le site La parole libérée. Son récit, dont le rythme rapide semble comme destiné à échapper aux atermoiements de l’Eglise, est construit en forme de passage de relais autour de trois personnages, mis en scène dans des styles différents. Alexandre, catholique convaincu, père de cinq enfants – qu’il empêche d’aller chez les scouts ! -- est celui avec qui tout commence, poliment et respectueusement : la caméra bouge peu. Lorsque le bouillonnant François fait irruption, il veut aller vite, casse les codes, crée une association pour rassembler les victimes : le suspense s’accroît. Emmanuel, le troisième, de milieu modeste, est un écorché vif, qui n’a jamais pu surmonter sa honte : son évolution au cours du film sera spectaculaire. Les noms des victimes ont été modifiés au contraire de ceux de Preynat et Barbarin. Le tournage a parfois eu lieu en Belgique, faute des autorisations nécessaires en France. Les principaux personnages sont magnifiquement incarnés mais les autres rôles sont également bien servis. Quelques flash-back, pudiques, elliptiques, pauvres souvenirs d’enfances délabrées, rappellent opportunément la violence subie par les jeunes victimes. L’originalité du scénario provient du fait que le père pédophile ne nie pas les faits, l’institution catholique étant elle surtout dénoncée pour n’avoir pas voulu réagir. Le film s’attache aussi à décrire les conséquences des crimes sur la vie des individus et de leur entourage. La question du pardon est posée :‘Heureusement qu’il ne t’a pas demandé pardon, sinon tu aurais été son prisonnier !’, remarque la femme d’Alexandre. La foi de ce dernier, qui a inscrit son combat pour la vérité ‘pour l’Eglise, et non pas contre elle’, semble bien ébranlée à la fin du film.
Françoise Wilkowski-Dehove
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