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Avec :
Lily Franky (Osamu Shibata), Sakyra Andô (Nobuyo Shibata), Mayu Matsuoka (Aki Shibata), Kiri Kirin (Hatsue Shibata), Jyo Kairi (Shota Shibata), Miyu Sasaki (Juri Hojo)
Né à Tokyo en 1962, diplômé de l'Université de Waseda, Hirokazu Kore-Eda réalise des documentaires pour la télévision, avant de passer en 1995 au cinéma de fiction avec Maborosi (Prix Osella d'Or à Venise). Suivent : Après le vie (1998), puis Distance (2001) et Nobody knows (2004),Still Walking (2009), I wish (2012), Tel père, tel fils (2013, Prix du Jury à Cannes), Notre petite soeur (2015), Après la tempête (2016), The Third Murder (2017). Une affaire de famille (2018) a reçu de nombreux prix, dont la Palme d’or à Cannes. Souvent comparé à Ozu pour son humanisme, sa délicatesse et sa direction d'acteurs, Kore-Eda aime développer des thématiques autour de la filiation et de la famille.
Résumé :
Au retour d’une expédition de vol à l’étalage, par une soirée glaciale, Osamu et son fils recueillent une petite fille qui semble abandonnée et la ramènent dans leur maison où la famille (la grand-mère, la femme d’Osamu et sa belle-sœur) vit à l’étroit. Comprenant que la petite est maltraitée, ils décident de la garder. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines en complément de leurs maigres salaires, les membres de cette famille vivent heureux, aimants et unis jusqu’au drame qui fait voler leur univers en éclat.
Analyse :
Le film, dont les titres japonais (Manbiki kazoku,La famille des vols à l’étalage) et anglais (Shoplifters) rendent mieux compte du sujet, a été inspiré à Kore-Eda par des faits divers de fraudes à l’assurance-retraite de parents décédés. Il s’agit pour lui de dénoncer le fossé qui se creuse au Japon, comme ailleurs, entre les très riches et les très pauvres, lesquels ont du mal à subsister alors qu’ils travaillent. La réception du film au Japon a été très froide, le gouvernement s’abstenant, contrairement à l’habitude, de féliciter le cinéaste sur sa Palme d’or.
Ce qu’on peut d’abord en retenir est sa facture classique, avec une extraordinaire unité de lieu, de temps et d’action, la fluidité de la caméra, amoureuse des acteurs et des personnages, et la maîtrise du réalisateur pour filmer l’espace, à la fois les intérieurs, chauds et intimes, et les extérieurs (la scène de la plage, longues courses des enfants à travers la ville). A noter, le somptueux travail sur la lumière du directeur de la photographie, Ryuto Kondo, éclairant, au fil des saisons, aussi bien le confinement de l’hiver et du froid que la clarté de l’été.
Impossible de passer sous silence le jeu des acteurs, tous exceptionnels, de la petite Miyu Sasaki aux silences éloquents, à Kiri Kirin, actrice très connue au Japon, décédée en décembre 2018, qui incarne la grand-mère.
A travers des dialogues ciselés, Kore-Eda fait passer l’émotion, l’humour, la complexité des situations et l’ambivalence des sentiments. Kore Eda se revendiquerait volontiers de Ken Loach, plutôt que d’Ozu, mais il en diffère en ce sens que rien n’est asséné de façon frontale, rien n’est gommé de l’opacité des êtres et du mystère de leurs motivations, et parfois il se produit une paradoxale alliance des contraires. Ainsi les aveux de la vérité dont on peut avoir honte, restaurent paradoxalement les liens et les renforcent, comme celui d’Osamu qui reconnaît avoir voulu abandonner Shota, et celui de Shota qui affirme avoir fait exprès de se faire prendre.
La thématique chère au réalisateur occupe une grande place, celle de la famille, la famille biologique et celle qu’on se choisit, comme le proclame un des personnages, mais il y a surtout la morale. Au cœur de son projet, elle a à voir avec la politique car c’est une morale inversée où ceux qui enfreignent ouvertement la loi deviennent les dépositaires et les défenseurs des vraies valeurs, celle de l’amour, de la tolérance, de la bienveillance, du soin porté aux plus fragiles.
Nic Diament
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