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Fiche technique :
Réalisation :Joseph Losey - Scénario : Harold Pinter d’après l’œuvre de Robin Maugham - Musique : John Dankworth - Photographie : Douglas Slocombe - Montage : Reginald Mills - Distribution France : Les Acacias.

Avec :
Dirk Bogarde (Hugo Barrett), Sarah Miles (Véra), James Fox (Tony), Wendy Craig (Suzan).

The Servant

Royaume-Uni, 1969, 115min.

Réalisation : Joseph Losey

Biographie :

Après quelques courts métrages, Joseph Losey (1909-1984) tourne Le Garçon aux cheveux verts (1948)parabole sur le racisme. Membre du PC américain il fuit le maccarthysme pour l’Angleterre en 1952 et tourne sous pseudonyme. Il retrouve son nom en 1956 avec Temps sans pitié. En 1964, il réalise The Servant. Suivent Messager (1970), Palme d'Or à Cannes, Monsieur Klein (1977) César du Meilleur film, un opéra filmé Don Giovanni (1979)En 1984, Steaming reste inachevé puisqu'il meurt au cours du tournage.

Résumé :

A Londres Tony, jeune bourgeois oisif, engage, pour meubler son nouvel appartement londonien, Barrett, domestique aux apparences humbles, discrètes et compétentes. Progressivement ce dernier va implacablement tisser une toile d’araignée dans laquelle Tony va s’engluer, inversant le rapport de domination.

 

Analyse :

Il n’est pas étonnant, lorsque l’on connaît le parcours de Joseph Losey, qu’il ait été attiré par la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave. Le rapport des classes sociales est un thème qui traverse son œuvre. Mais The Servant ne saurait se limiter à cet aspect. C’est un film bien plus riche et bien plus complexe. Outre le rapport maître-esclave, le réalisateur aborde plusieurs thèmes qui se recoupent : le mépris, la débauche, la perversion, le sadomasochisme, la domination et, en filigrane, l’homosexualité ; traitée avec pudeur, cette dernière surgit de manière implicite au cours de certaines séquences qui ressemblent à un instantané de vie de couple entre Tony et Hugo Barrett. Une ambiguïté sexuelle qui participe à la richesse de l’œuvre et rend le film fascinant car elle sous-tend l’inversion des rapports. Losey dresse avec brio le portrait d’une haute société, coupée de la réalité quand elle n’est pas la sienne, arrogante, sûre de sa supériorité et de son bon droit, qui va à sa propre perte sans même s’en rendre compte.

Le langage cinématographique de Losey est clair. Il colle à son propos par une mise en scène qui exprime parfaitement tous les thèmes abordés en accentuant le malaise qui s’empare du spectateur devant la complexité et l’ambiguïté de cette relation, devant la détresse et la déchéance du faible, face au fort manipulateur et pervers. Par des plans virtuoses, Losey met en place un subtil jeu de miroirs qui permet deux vues simultanées d’une même scène. Des effets d’anamorphose de miroirs convexes traduisent l’altération de la perception du réel dont est victime Hugo qui sombre doucement dans l’alcool et la drogue, avec un noir et blanc impeccable qui traduit l’affrontement entre les deux forces. Le décor est savamment agencé. Le huis clos étouffant de la maison très aristocratique de Tony, patiemment conquise par Barrett, va devenir le terrain de ce jeu de domination dans lequel nous immerge le réalisateur, notamment par l’utilisation de plongées, contre-plongées pendant l’affrontement entre les deux hommes dans un escalier trop étroit pour accueillir deux personnes, lieu de toutes les luttes, où on se dispute, on joue, on chute, qui permet au plus fort d‘accéder à l’étage du maître et de dominer.

Un film fort, étrange, captivant et magnifique, qui reste un des plus grands chefs d’œuvre de Joseph Losey. 

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