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Fiche technique :

Réalisation :Réalisateur : Jean-Marc Moutout ; Scénario : Jean-Marc Moutout. Adaptation : Agnès de Sacy, Olivier Gorce. Photographie : Claude Garnier. Musique : Silvain Vanot. Son : Eric Boisteau. Montage : Marie-Hélène Mora. Décoration : Jérôme Pouvaret. Production : Les films du Losange, France 2 Cinéma, RTBF. Distribution : Les films du Losange.

La fabrique des sentiments

France, Belgique, 2008, 104min.

Réalisation : Jean-Marc Moutout

Biographie :

Dans son premier long métrage Violence des échanges en milieu tempéré, - auquel avaient déjà contribué O.Gorce et S. Vanot-, l’auteur s'intéressait au monde des consultants en entreprise. Il poursuit avec ce second film, sélectionné à la Berlinale 2008, sa réflexion sur les sociétés modernes en braquant sa caméra sur les nouveaux modes de rencontre.

Résumé :

Eloïse, 36 ans, est clerc de notaire et vit à Paris. Jeune femme belle brillante, indépendante, elle décide pour briser sa moderne solitude de s'inscrire à des « speed-datings » : ne s'agit-il pas sur ce terrain aussi d'être rapide et efficace ? avec un programme qui claque comme une publicité : 7 hommes, 7 femmes, 7 minutes pour séduire... mais l’angoisse prend peu à peu le pas sur la maîtrise quand elle apprend qu’elle a une tumeur : elle qui se pensait heureuse se remet en question. Elle devra faire face à ses désirs et à son besoin d'afficher aux yeux du monde une vie de couple.

Analyse :

L’apparente liberté illimitée qu’a engendré la révolution des mœurs se paye et le cinéaste nous propose dans ce contexte un portrait de femme combien nuancé. Le speed dating , symptomatique des valeurs marchandes qui régissent le fonctionnement du monde d’ aujourd'hui, utilise les mêmes armes et le même langage que ceux qui ont cours dans les autres situations sociales. Numéro de charme à tous prix, rapide et ludique, il permet à Jean-Luc, comme aux autres de se valoriser et d’exhiber ses désirs et ses rêves en toute sécurité, pour mieux camoufler ses défaillances. Ce dispositif, qui déploie l’injonction de séduire, loin de déboucher sur la rencontre authentique de deux âmes solitaires, précipite ses acteurs dans des comportements et des discours mécaniques et mortifères, et, manquant son but, ne laisse persister que déception après l’excitation artificielle d’une vaine joute. Moderne Alceste, plus sincère peut-être que les autres, le timide et ombrageux André en fera l’amère expérience. Mais si ces deux types masculins contrastés sont parfaitement naturels et convaincants sous les traits de Bruno Putzulu et Jacques Bonnaffé, c’est sur la merveilleuse Elsa Zylberstein que repose le film : fascinante, lumineuse, vulnérable, troublante Elsa, dont la justesse de jeu et la palette expressive prête à Eloïse son insatisfaction et son ambiguïté et sont à rapprocher de l’intense travail de préparation qu’elle a tenu à faire en se rendant à des speed datings, pour en vivre la dimension physique, mentale et sociale.
L’une des grandes qualités d’écriture d’un film consacré à l’échec de la fabrique volontariste des sentiments, c’est qu’il ne verse jamais ni dans la sentimentalité ni dans la mièvrerie. Chaque scène sert à fouiller davantage les personnages, à éviter les clichés, à maintenir la tension, rendant sensible le bouleversement du déploiement des sentiments provoqué par l’évolution des paradigmes sociétaux et le contraste entre la vie publique apparemment maîtrisée d’Eloïse et le profond désarroi de sa vie affective qui suscite alors en chaque spectateur une réelle empathie. L'identification semble évidente pour toutes les spectatrices et l'immédiate empathie aussi. Cette jeune femme, glacée et consciencieuse dans l'exercice austère de sa fonction de notaire, dévoile, rendue à la solitude de son appartement luxueux de célibataire, un désarroi qui nous touche profondément.

Jean-Michel Zucker

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