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Fiche technique :

Réalisation : Kontchalovski Andrei - Scénario Andrei Kontchalovski Aleksey Tryapitsyn (Lyokha), Irina Ermolova (Irina), Timur Bondarenko (Timur) Elena Kiseleva - Montage : Sergei Taraskin - Musique : Andrei Kontchalovski et Eduard Artemyev - Photographie : Aleksander Simonov - Société de distribution France : ASC Distribution.

Avec :

Aleksey Tryapitsyn (Lyokha), Irina Ermolova (Irina), Timur Bondarenko (Timur)

Les nuits blanches du facteur (Belye notchi potchliona Triapitsyne)

Russie, 2014, 101min.

Réalisation : Andrei Kontchalovski

Biographie :

De son vrai nom Andrei Mikhalkov, le réalisateur, né à Moscou en 1937, a adopté le nom de son grand-père maternel, le peintre Piotr Kontchalovski (Nikita Mikhalkov, cinéaste lui aussi, est l’un de ses frères). Musicien à l’origine, sa rencontre avec Tarkovski sera déterminante pour sa carrière. Avec une vingtaine de longs métrages à son actif, dont Sibériade (1979), Prix spécial du Jury au Festival de Cannes et le délicieux Riaba, ma poule (1994), il se partage entre réalisme, nostalgie et humour.

Résumé :

Lyokha, le facteur desservant en bateau les villages autour du lac Kenozero remplit aussi un rôle social de solidarité et de communication entre ces communautés qui, à l’extrême nord de la Russie, se trouvent bien isolées malgré le voisinage du centre spatial de Plesetsk. Un gros chat gris à éclipses vient perturber ses nuits.

Analyse :

Konchalovski a obtenu le Lion d’argent du meilleur réalisateur lors de la présentation de ce film au festival de Venise 2014. Différents pôles d’intérêt y donnent des directions de réflexion et révèlent la maîtrise du réalisateur dans son art à la limite du documentaire. Il observe la vie d’un village où la solitude est le lot général des habitants. Elle peut être totale comme dans le cas de Lyokha, le facteur, dans sa maison de bois où chaque jour ses gestes sont répétés (le même cadrage sur le lit et la commode recouverte d’un napperon poussiéreux, chaque matin, confirme la monotonie), ou pour Brioche le boiteux ivrogne qui perd la tête, ou pour la vieille femme qui implore en vain, par la fenêtre, le facteur trop pressé pour bavarder un moment ; ou même solitude à deux comme l’ami pêcheur dont l’épouse est invisible, ou encore Irina contrainte d’abandonner toute la journée son fils Timur, de cinq ou six ans, pour le métier peu valorisant de garde-pêche. Les habitants du village, pêcheurs, petits employés administratifs et retraités, vivent pour la plupart comme ont vécu leurs parents, dans de sommaires cabanes de bois sans eau courante, les plus jeunes ayant déserté l’endroit pour tenter leur chance ailleurs. Le lien entre les hameaux sur les rives du lac est Lyokha dans son bateau lorsqu’il fait sa tournée apportant nouvelles, pensions, médicaments, et un peu de chaleur humaine. « Il n’y a pas que les lettres, dit-il à Timur, on n’envoie pas du pain par e-mail ».

Le centre spatial voisin n’affecte la vie locale que lorsque le général vient braconner en hélicoptère et qu’Irina le surveille avec ses jumelles en se gardant bien d’intervenir, ou lorsqu’une fusée s’élève en toile de fond dans le paysage et que personne n’y prête la moindre attention.

Ce train-train est perturbé lorsque le moteur du bateau de Lyokha est volé. Pour continuer son travail, il est contraint à demander de l’aide, et se met même à soupçonner ses amis, par une enquête aussi sommaire que désespérée.

Lyokha, dans ses insomnies, voit un chat gris sur le sol de sa chambre l’observer attentivement, dormir même dans le lit, sur son ventre, mais disparaître sans laisser de traces, un ‘chat-qui-s’en-va-tout-seul’. Sa voisine Irina, une ancienne compagne de classe dont il est resté amoureux mais qui ne l’a jamais regardé vraiment, élève seule son petit Timur. Le facteur promène l’enfant, inséparable de son jouet préféré, un petit chat en peluche gris qui tient dans la paume de sa main, à la pêche dans les marais, tout en lui racontant une histoire de sorcière. Instants magiques ! Mais le chat de Timur ne viendra jamais s’installer chez Lyokha, avec son petit propriétaire et la jolie maman, ils déménageront tous les trois pour un nouvel emploi à Archangelsk.

Les sentiments des personnages (interprétés par des autochtones) sont exprimés avec beaucoup de délicatesse grâce à l’adresse de Kontchalovski dans la mise en scène de ces acteurs de fortune, ce qui n’ôte rien au réalisme des images. Les paysages sont époustouflants, lac, marais, reflets. Découverte étonnante d’un petit bijou, plus documentaire que fiction.

Nicole Vercueil

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