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Réalisation : Réalisation et scénario : Rabah Ameur-Zaïmeche – Coscénariste : Louise Thermes - Image: Irina Lubtchansky - Montage : Nicolas Bancilhon – Musique : Sylvain Rifflet – Son : Bruno Auzet, Timothée Alazraki - Production : Sarrazink productions
Avec :
Abel Jafri, Christian Milia-Darmezin, Sylvain Roume, Rabah Ameur-Zaïmeche, Salim Ameur-Zaïmeche, Mamadou Kebe , Mamadou Koita, Larbi Zekkour.
Rabat Ameur-Zaïmeche est né en 1966 en Algérie. Mais dès l’âge de deux ans, il vit à Paris (Montfermeil). Il crée sa propre société de production, Sarrazink. Il réalise en 2002 « Wesh wesh qu’est ce qui se passe ?» (Prix Louis Delluc) et en 2006 « Bled Number One ». « Dernier maquis » a été sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2008.
Résumé :
Au fond d’une zone industrielle à l’agonie, Mao, un patron musulman, possède une entreprise de réparation de palettes et un garage de poids lourds. Il décide d’ouvrir une mosquée et désigne l’imam, sans aucune concertation. De là va se cristalliser la question du pouvoir du « patron » et du sort des « travailleurs ».
Analyse :
La cour d’un entrepôt, des hommes s’activent à transporter des palettes avec un engin de levage, l’un d’entre eux les peint en rouge, des mécaniciens font des soudures. Un avion passe à basse altitude ; aux alentours des cuves de pétrole, des grues, puis on aperçoit une colline verdoyante, au loin. On découvre un canal à proximité où vivent les ragondins.
Les hommes sont maghrébins ou sub-sahariens, ils parlent avec un accent…Le patron apparaît (le cinéaste joue le rôle) ; il est débonnaire, mais contrôle les temps de travail des employés. Lui et les hommes se tutoient, tout va bien alors ? La caméra est omniprésente, à bonne distance, puis parfois très proche des personnages. Dans ce décor industriel, qui pourrait être si aride, mais d’où émane une étonnante poésie de couleurs, va se dérouler une histoire d’hommes très banale, très actuelle. Ce qui se joue à partir de l’épisode de la nomination de l’imam et qui fait réagir les travailleurs, c’est l’impossibilité évidente de concilier autorité et démocratie (grande question historique). Les hommes réagissent clairement et expriment leur mécontentement devant l’imam . Le sujet du film est-il seulement l’islam dans le monde du travail, comme un rempart, un « dernier maquis » ? Car Mao est un prosélyte : chacun doit aller à la mosquée le vendredi, au risque de se faire retirer la prime !
Mais, outre l’aspect religieux, le film évoque une réalité socio-économique : un prolétariat immigré et non organisé est confronté au bon vouloir d’un patron. La décision de Mao d’arrêter une part de son activité, la réparation des camions, jugée non rentable, provoque un mouvement de grève des trois mécaniciens. La division au sein du personnel (les Africains restent favorables à Mao) entraîne la violence, dont sera victime Mao. Le conflit restera non résolu pour nous spectateurs, et le film se termine sur un plan magnifique : un mur de palettes rouge où passe un peu de lumière blanche, jaune… À l’image de la vie réelle.
Film politique- et poétique !- d’une grande force, à ne pas manquer.
Alain Le Goanvic
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