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Réalisation : Emad Burnat et Guy Davidi - image: Emad Burnat - Montage: Véronique Lagoarde-Ségot et Guy Davidi - Montage son et mixage: Amélie Canini - Musique: le trio Joubran-Yousef Hbeisch. - Production: Guy DVD films - Burnat Films Palestine - Alegria Productions. Distribution: France Zeugma films.
Fils de paysan, né à Bil’in en Palestine, Emad Burnat est caméraman et photographe free-lance; Il filme pour participer à la lutte de son village (séquences de plusieurs documentaires: Bil’in My Love, Palestine Kids, Open Close, Interrupted Streams). Guy Davidi, né à Jaffa, pratique le montage et la prise de vues depuis ses 16 ans et a réalisé des courts métrages documentaires. En 2010 son premier long métrage Interrupted Streams a fait l’ouverture du festival international du film de Jérusalem.
Résumé :
Emad, paysan, vit à Bil’in en Cisjordanie. Il y a 5 ans, au milieu du village, Israël a élevé un « mur de séparation » qui exproprie les 1700 habitants de la moitié de leurs terres, pour étendre et « protéger » la colonie juive de Modi’in Illit, prévue pour 150.000 résidents. Les villageois de Bil’in s’engagent dès lors dans une lutte non violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, et de coexister pacifiquement avec les Israëliens. Avec sa caméra, achetée lors de la naissance de Djibril, son quatrième fils, Emad établit la chronique intime de la vie d’un village en ébullition, dressant le portrait des siens, famille et amis, tels qu’ils sont affectés par ce conflit sans fin.
Analyse :
Le fil narratif d’un film sculpté à partir de 700 heures de rushs sur 5 ans de tournage est représenté par l’intensité de la relation entre Emad et son fils Djibril, sous tendue par la question implicite qui justifie sa propre lutte : dans quel pays grandira ce dernier ? Ainsi entrons nous dans un film, et c’est ce qui en fait la force, plus personnel que militant dans lequel Emad nous parle avec sa propre voix, du sein de sa famille et au milieu de ses amis Phil et Adib, et nous raconte ce qu’il vit au quotidien, en voyant Djibril grandir depuis ses premiers jours jusqu’à ses 7 ans. Il nous fait ressentir de l’intérieur ce que signifie l’occupation de son pays, de sa terre et combien douloureusement elle peut être ressentie et évoquée par ceux qui la subissent mais ont choisi de lutter par la non violence. En effet en 1983 un palestinien, Mubarak Awad publie un ouvrage dont la thèse centrale est que « l’action non violente constitue la méthode la plus efficace de résister à l’occupant israëlien en Cisjordanie et à Gaza ». La culture politique palestinienne s’en trouvera profondément modifiée et, depuis la manifestation du 26 décembre 2003 où un militant israélien solidaire fut blessé par l’armée d’occupation, des comités populaires destinés à résister à la construction du mur ont été créés dans plusieurs villages palestiniens dont Bil’in, soutenus par le groupe activiste israélien des AATW (Anarchists against the wall). En adoptant constamment le point de vue de cette lutte non violente spontanée et politiquement juste pour le droit de conserver ses terres, le film déploie sa pugnacité inlassable à travers une temporalité purement cinématographique puisque à chaque fois que la caméra est brisée par l’agressivité et la mauvaise conscience israélienne, la lutte reprend avec courage avec la caméra suivante qui donne à vivre la répétition de la violence- les 5 caméras brisées, les 4 frères d’Emad arrêtés - soulignée par la musique du trio Joubran. Ainsi la réalisation de ce film permet-elle à Emad de faire mémoire de la souffrance générée par l’occupation : « Les blessures qu’on oublie ne peuvent pas être guéries. Je filme pour guérir… ».
Jean-Michel Zucker
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