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Fiche technique :

Réalisation : et Scénario : Carlos Reygadas ; Image : Alexis Zabe ; Montage : Natalia Lopez ; Distribution France : Le Pacte

Avec :

Adolfo Jimenez Castro (Juan) ; Natalia Acevedo (Natalia) ; Rut Reygadas (Rut) ; Eleazar Reygadas (Eleazar).

Post tenebras lux

Mexique, France, 2012, 114min.

Réalisation : Carlos Reygadas

Biographie :

Né à Mexico en 1971 Carlos Reygadas est capable de remplir presque tous les rôles : producteur, scénariste et réalisateur de plusieurs de ses films : Japon, prix de la Caméra d’Or en 2001, Lumière silencieuse, prix du Jury du Festival de Cannes en 2007,  Batalla en el cielo (2005) dont il a assuré aussi le montage. Il est scénariste et réalisateur de Post tenebras lux qui vient d’obtenir le prix de la mise en scène du même festival. Il attribue sa vocation aux films de Tarkovski.

Résumé :

Au milieu d’une nature exubérante, la maison de Juan, Natalia et leurs enfants est parfaitement intégrée au paysage et aménagée avec soin. Ce couple bourgeois vit à quelques kilomètres d’un village de paysans avec lesquels ils essaient de tisser des liens amicaux. Mais, en partant pour un week-end, ils oublient une poussette et Juan revient seul la chercher, laissant sa famille dans un bar. Un de ses employés, Le Sept, et un autre cambrioleur local, dérangés par son arrivée, le blessent d’un coup de fusil. Alors, voilés par l’approche de la mort, lui apparaissent ses souvenirs mêlés à des visions de ses enfants dans le futur et à des phantasmes de son imagination.

Analyse :

Les premières images sont celles d’une petite fille de deux ou trois ans, Rut, toute seule dans un vaste pré, au milieu des vaches, des chevaux et des chiens, les bottes dans de larges flaques aux reflets rouges, errant jusqu’à la tombée de la nuit en appelant vaguement sa mère alors que l’orage s’éloigne. Faisant le pendant à cette introduction, l’avant-dernière séquence représente le même pré, sous une pluie intense et Le Sept se coupant lui-même la tête provoquant ainsi des flots de sang dans les flaques (genre de geste, paraît-il, rituel au Mexique d’avant la colonisation). Cette mise entre parenthèses, en quelque sorte, du film n’est pas la seule puisqu’on verra, encadrées par ces deux séquences, deux apparitions d’un diable fluorescent et cornu, dans la maison endormie, muni d’une sorte de bagage à main destiné à recueillir l’âme en train de s’échapper.
Vous l’avez compris, la temporalité est totalement bousculée et nous passerons d’une séquence à l’autre, d’images futures à celles du passé, de la réalité à l’imaginaire suivant ainsi les tribulations d’une pensée à l’agonie qui, dit-on, fait défiler la vie en quelques secondes : les problèmes de couple de Juan, sa femme frigide qu’il emmène à Paris pour une rééducation au plaisir dans un sauna spécialisé ; ses enfants qu’il projette dans l’avenir en les faisant participer à tout ce qui a marqué son enfance, réunions familiales comme matches de rugby ; son penchant pour la boisson qui le fait rentrer dans le groupe des Alcooliques Anonymes du village ; ses employés et leurs soucis de vie privée.
Le réalisateur a largement impliqué sa propre vie dans le scénario et la réalisation. Ses enfants, gardant leurs propres noms dans le film, sont les interprètes des enfants du couple (capables d’être bien naturels grâce à leur très jeune âge), mais aussi la maison filmée est celle de ses voisins et le village est près de chez lui. Lui-même a fait du rugby dans sa jeunesse et dit s’identifier à Juan… sauf dans la maltraitance des chiens. Il a choisi de filmer en 4/3 parce que ce format convient mieux, dit-il, aux proportions des êtres humains, à la verticalité qu’il souhaitait dominante dans son film et aux images de montagnes. La pellicule 35 mm donne la meilleure définition possible et la lentille qui crée des aberrations optiques dans les images traduit le trouble de la vision imaginaire. Les photos sont magiques. Les acteurs, non professionnels, sont choisis en fonction de leur milieu pour incarner des personnages qui leur ressemblent. Ils n’avaient lu aucun scénario mais étaient dirigés au jour le jour dans chacune des scènes. Le résultat est convaincant.

Le spectateur peut se sentir un peu perdu dans la juxtaposition des différentes séquences de l’errance confuse de Juan mais reste sous le charme de cette histoire où la tendresse domine malgré la violence de la nature, des éléments et aussi des humains.

Nicole Vercueil

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