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Fiche technique :

Mise en scène et scénario : Abderrahmane Sissako ; Images :Jacques Besse ; Montage :Nadia Ben Rachid ; Son : Dana Farzanehpour ; Décors : Mahamadou Kouyaté ; Production : Denis Freyd, Abderrahmane Sissako ; Distribution : Les films du Losange

Avec :
Aïssa Maïga (Melé, la chanteuse), Tiécoura Traoré (Chaka), Hélène Diarra (Saramba), Habib Dembélé (Falaï), Djénéba Koné (la sœur de Chaka), Hamadoun Kassogué (le journaliste), avec la participation de : Danny Glover, Elia Suleiman et Jean-Henri Roger (pour le « western ») ; William Bourdon et Roland Rappaport, avocats au barreau en France…

Bamako

France, Mali, 2006, 118min.

Réalisation : Abderrahmane Sissako

Biographie :

De mère mauritanienne et de père malien, A. Sissako a présenté à Cannes, en 1993 (UCR), son moyen métrage : « Octobre ». Premier long métrage : « La vie sur terre » (dans la série Arte « 2000 vu par.. »). En 2003 : « En attendant le bonheur » tourné en Mauritanie.

Résumé :

Un procès se tient dans la cour d’une concession de Bamako. Sur le banc des accusés : le FMI et la Banque Mondiale ! Il s’agit de juger la responsabilité de ces grandes institutions, qui causent la ruine du continent africain. De vrais magistrats, de vrais avocats écoutent les témoins…

Analyse :

C’est « un film pour les Africains » a déclaré Sissako. Un film politique, qui par le biais d’un procès, énonce très clairement les ravages causés par les « mécanismes » économiques imposés par le FMI et la Banque Mondiale, au nom du libéralisme dominant : le remboursement de la dette, la corruption, le démembrement des services publics etc.
Que montre ce film admirable, tourné dans la cour de la maison où le réalisateur a passé son enfance ? La mondialisation drapée dans sa bonne conscience (remarquablement énoncée par Maître Rappaport,) ; le désarroi des populations déculturées et dépossédées de leur économie ancestrale par cette nouvelle forme de colonialisme (exposé passionnant d’Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali) ; l’influence négative du système sur les personnes i (le mari frappé par le sida, la jeune femme qui meurt lors de sa tentative d’émigration, le chômeur qui se suicide). Deux heures de film qui valent tous les articles et les livres sur la question ! il s’agit en fait de libérer la parole, d’où l’idée géniale du procès.
Il y a un dispositif scénique dans ce film qui permet d’éviter tout didactisme. Le procès se déroule dans la vie quotidienne de la cour et des alentours. Pendant les témoignages à la barre, et les interventions des magistrats, la caméra circule, montre les femmes au travail, les hommes en palabre, les animaux qui vaquent, les enfants qui jouent. Tout cela donne de la chair et de la vie aux paroles, et aussi aux silences, car il y a en certains, très forts. Et puis, il y a plusieurs séquences qui nous font « sortir » de la cour : le Sahara, avec la marche d’un groupe de Maliens qui tentent d’émigrer en Europe ; le bar où chante chaque soir la belle et très sensuelle Mélé ; l’insertion d’une parodie de western, qu’une famille regarde à la télévision.
On est ébloui par tant de virtuosité et reconnaissant envers ce cinéaste, qui nous permet à nous Européens nantis et blasés, d’accéder à une meilleure prise de conscience. Au début du film, un vieil homme, qui s’avance à la barre, mais à qui on interdit de parler, car ce n’est pas son tour, déclare : « La parole, c’est quelque chose. Elle ne restera pas en moi ».
« Bamako » n’a pas pour but de changer les choses, mais il nous aide à faire un constat de notre monde, et à éviter que nous soyons dupes !

Alain Le Goanvic

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