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Fiche technique :

Réalisation : ET SCENARIO : RACHID BOUCHAREB - Scenario : Olivier Lorelle - Photo : Christophe Beaucarne - Musique : Armand Amar

Avec :
Jamel Debbouze ; Roschdy Zem ; Sami Bouajila ; Bernard Blancan ; Chafia Boudras ; Sabrina Seyvecou

Hors la Loi

France, Algérie, Algérie, 2010, 138min.

Réalisation : Rachid Bouchareb

Biographie :

Rachid Bouchareb est né en 53, d’origine algérienne, vivant en France. Formé par le CERIS, il a été assistant de réalisations télévisées, a fondé une Société de Productions (les films de Bruno Dumont). Il s’est fait un nom parmi les plus grands grâce à des œuvres désormais connues et chacune très originale : Little Sénégal (2001)-Indigènes (2006) – London River (2009).

Résumé :

Trois enfants d’une famille d’agriculteurs algériens sont arrachés à leur terre Devenus adultes on retrouve deux d’entre eux témoins des évènements tragiques du 8 Mai 1945 à Sétif. Saïd décide de partir avec sa mère en France où il retrouve Abdelkader emprisonné à la Santé d’où il sortira militant acharné pour l’indépendance de l’Algérie. Réfugiés dans un bidonville de Nanterre ils seront rejoints par Messaoud revenus de la guerre d’Indochine après la défaite des alliés. Tandis que Saïd fait ses affaires, les deux autres s’impliquent de plus en plus dans l’organisation du FLN en France et la lutte pour la libération de l ‘Algérie. Ils périront de mort violente dans ce combat.

Analyse :

Ce nouveau film de Bouchareb , qui a provoqué quelques incidents avant même qu’on l’ait vu, a ensuite finalement déçu en comparaison avec l’ indéniable succès d’Indigènes. Il semble pourtant en continuité par le souci qu’a l’auteur d’impliquer la France et les Français dans cet inévitable dialogue qui doit se poursuivre entre les 2 rives de la Méditerranée et montrer comment à travers et au delà de la colonisation, nous restons liés par une Histoire commune. Ce sont donc de nouveau des Algériens qui sont les acteurs de ce nouvel épisode et de nouveau sur le sol français. Certes ce film est une fiction à laquelle on peut reprocher beaucoup de faiblesses : ses inexactitudes historiques, ses longueurs, ses tentations de trop brasser et du coup ses simplifications et ses ellipses, etc. Au niveau narratif il s’agit d'une histoire au canevas assez classique puisque le scénario suit les aventures de 3 frères de leur naissance à l’age adulte. Mais c’est la confrontation de cette histoire avec l’Histoire encore récente et toujours brûlante de nos deux pays qui fait problème. En dehors du fait qu’il ouvre le film par une séquence très image d’Epinal sur l’oppression coloniale qu’il fixe en 1925, Bouchareb passe directement en 1945 avec le terrible drame du 8 Mai et des jours suivants dans la région de Sétif. Cette évocation, recomposée par rapport à la réalité, mais fidèle à sa violence, est sans doute la première apparue sur les écrans. Venue d’un réalisateur algérien elle ne pouvait que provoquer ou la honte ou la colère des Français. Or les 3/4 du film ne concernent pas les Français mais les travailleurs algériens émigrés en France. La répression de Sétif, survenue le jour même où la France célébrait la Victoire sur l’Allemagne - grâce entre autres, aux unités d’« indigènes » -, a réveillé les aspirations à l’Indépendance. Abdelkader s’y lance avec passion et devient le prototype de ces leaders du parti FLN qui vont rapidement enrôler leurs coreligionnaires pour transporter littéralement la guerre d’Algérie en France. C’est ainsi que le film devient un véritable thriller de plus en plus violent. Car Bouchareb n’hésite pas à nous montrer que ce Parti politique, - toujours au pouvoir aujourd’hui en Algérie -, a non seulement rassemblé dans les années 58 toute la population maghrébine par la contrainte mais en liquidant froidement ceux qui ne payaient pas la cotisation ou changeaient de camp. Il faut donc souligner qu’aujourd’hui ce sont des algériens qui, grâce au Cinéma (et à la France !) commencent à jeter un regard lucide, tout en condamnant les années de la Colonisation, sur la vérité de ce qui est désormais leur Histoire.
Un récent documentaire de Malek Bensmaïl (auteur du film La Chine est encore loin *) intitulé clairement Guerres secrètes du FLN en France, permet de vérifier à quel point les dures images de la fiction de Bouchareb sont l’exact reflet de ce qu'a été la réalité et de prendre conscience en même temps, à quel point ces créateurs algériens veulent sortir leur pays de la chape de plomb que font peser sur lui ses dirigeants.

Jean Domon

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