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Impressions du 62e Festival de Cannes

2009

De la Sélection Officielle à Un Certain Regard, de La Semaine de La Critique à La Quinzaine des Réalisateurs, dans divers lieux : au Palais du Festival (salles Lumière, Debussy, Bazin, Bunuel, salle du 60ème), immense temple du rêve et de l'exotisme, finalement bien plus accessible que le « Palais Stéphanie » où se produit la Quinzaine (en fait, le « badgé » passe après les entrées payantes ou se fait refouler !), voilà le parcours à travers le temps et l'espace qui fait mon bonheur ... et ma fatigue !

Essayant de voir les films avec mes « tripes », j'ai eu souvent des sentiments contradictoires, altérant mon jugement plus « objectif », mais laissant la place aux émotions. L'idéal serait d'entrer dans les films en état d'hypnose, comme un petit enfant qui découvre le monde des sons et des images, un monde qui peu à peu « s'accorde à nos désirs ». J'ai tenté d'avoir un regard neuf, sans a priori, sur le phénomène cinéma et une fois de plus Cannes ne m'a pas déçu ! Comme il est clair qu'une généralisation est impossible, je vais tenter d'exprimer cela au travers de quelques films qui m'ont marqué. 

Sélection officielle 

Das weisse Band (Le ruban blanc) de Michel Haneke (Allemagne) : un noir et blanc jamais encore vu, des cadrages aussi précis qu'un tableau de Vermeer, un montage savamment orchestré sur la voix off du narrateur, nous entrons dans un monde restreint, peut être en Allemagne du Nord, où se constitue le terreau du nazisme et de tous les fascismes, le monde de l'humiliation et de la honte, qui aboutira plus tard aux convulsions de l'inconscient collectif en Europe et ailleurs ... Oeuvre grandiose et d'une incommensurable lucidité ! Je ne vais pas dans une autre file. Il faut laisser digérer.

Antichrist de Lars von Trier (Danemark) : le film par qui le scandale arriva ! il nous livre encore une histoire tragique de couple (aux torts partagés), et qui plus est, où l'homme tue la femme ! Eh bien, contrairement à un certain Jury (je suis désolé de m'en désolidariser), je n'ai pas vu que de la misogynie.J'ai ressenti le désastre de la perte d'un enfant sur des personnes qui n'ont pas la foi en Dieu et qui sont livrées à leurs pulsions souterraines, j'y ai vu l'expression du chaos intérieur auquel répond la Nature, belle et insensible, j'ai senti « la vallée de larmes » biblique ...

Un Certain Regard

No one knows about Persian Cats de Bahman Ghobadi (Iran) : fiction documentaire, comme le dit la fiche du catalogue, surtout film de dénonciation de l'obscurantisme en Iran ; la musique, prenante et belle, les voix des chanteurs de « l'indie rock », expriment la revendication de liberté d'une jeunesse brimée ; on en sort presque enthousiaste, mais aussi indigné de la fin tragique. Le cinéaste (réalisateur du magnifique Les tortues volent aussi) n'a plus le droit de filmer dans son pays, depuis déjà des années. Rentrant de Cannes, Ghobadi a été emprisonné. Hier, c'est Panahi qui est arrêté (les évènements actuels confirment le cri de révolte du film). Le cinéma ne serait-il pas par nature contestataire? Un autre film présenté à Cannes(Séances Spéciales) le documentaire chinois Pétition de Zhao Liang , que je recommande vivement, donne un éclairage de la Chine plastronnante des JO 2008 particulièrement accablant. J'avoue avoir un faible pour cette forme de cinéma ...

Le Tsar de Pavel Longuine (Russie) : je suis poussé par une nostalgie, celle qui naît du souvenir d'Ivan le Terrible, d'une Russie mythique, celle des tsars omnipotents. Je vois un film sur écran large, aux couleurs magnifiques et je trouve ce que j'attendais, confusément : la cruauté sans borne d'un despote, mais qui finalement prend conscience qu'il a perdu son peuple. C'est l'introspection qui surprend, loin du lyrisme eisensteinien.

Air Doll d'Hirokazu : l'auteur de Nobody knows et de Still walking nous livre une troublante histoire de poupée gonflable qui peu à peu devient une femme ...Le physique de l'actrice, Doo Na Bae, joue sur l'ambiguà¯té sexuelle, son pouvoir de séduction sur l'homme obsédé par la jeunesse permanente et la passivité supposée de la femme asiatique. Réflexion sur le corps et l'à¢me, les relations entre personnes, l'éphémère et l'immortalité, et, enfin, la combustibilité des corps, leur disparition irrémédiable. La femme traverse la vie des hommes pour leur révéler un supplément d'à¢me. Je sors ému et plein d'interrogations.

Politist, adjectiv de Corneliu Porumboiu (Roumanie) : Le cinéma roumain issu de la société post-communiste revisite l'histoire du pays et se livre à un état des lieux percutant et ironique. Ici, au travers d'une histoire de filature de passeurs de drogue, c'est bien le thème sur le pouvoir des mots qui me frappe : jouer sur les définitions du dictionnaire pour mieux contraindre le citoyen. Le policier Cristi qui s'oppose à son chef pour des raisons de « conscience » va devoir accepter la prééminence de la « loi » qu'est chargée d'appliquer la « police ». Toute considération de « morale » est subordonnée à la loi, cela rappelle la problématique d'Antigone, énoncée il y a 2500 ans déjà !

La Semaine de la Critique

Altiplano de Peter Brosus et Jessica Woodworth, est le plus beau film de cette Sélection, très riche quant aux thèmes abordés : peut on photographier la guerre, comment prendre conscience des dégradations de l'homme sur la nature.. Tourné sur les plateaux de l'Altiplano dans les Andes, le film fait apparaître la sublime Saturnina, née de la beauté et de la pureté de la Nature, mais hélas victime de ce monde.

En guise de conclusion, une réflexion de Jean Luc Godard :

Ce qui est grand n'est pas l'image, mais l'émotion qu'elle provoque.

Alain Le Goanvic

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