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Fribourg 2011, compte rendu

19 – 26 mars 2011

Le jury oecuménique à Fribourg 2011: gauche à droite : Mariane Gujer, Marek Lis,Natalie Fritz, assise Paulette Queyroy

Cette année, le jury œcuménique était composé de :




Fidèle à ses objectifs, cette compétition internationale présentait une centaine de films venus des pays du Sud, essentiellement d’Asie et d’Amérique latine. Etonnamment, et à notre grand regret, l’Afrique était quasiment absente de la sélection.

La compétition internationale :

Les cinq jurys (jury international - jury FIPRESCI – jury FICC -jury œcuménique - jury des jeunes) avaient à se prononcer sur une sélection de douze films.

Très vite, il nous est apparu que le thème essentiel de ce Festival était celui de la culpabilité, et parfois (rarement), celui de la rédemption.

La maison sous l’eau, de la jeune iranienne Sepideh Farsi.

Morteza, un homme d’une cinquantaine d’années, est à ce point marqué par le remords d’avoir provoqué la noyade d’un camarade d’enfance qu’il se laisse accuser d’une autre noyade, alors qu’il est totalement innocent.

Late autumn, de Tae-Yong Kim – Corée du Sud

Anna, une jeune chinoise qui vit aux Etats-Unis, a assassiné son mari violent. Une autorisation de sortie de prison pour l’enterrement de sa mère lui permet de rencontrer un jeune homme au passé douteux.

Ce film a reçu le prix du jury des jeunes.

Poetry, de Lee Chang-Dong – Corée du Sud.

Mija, une charmante vieille dame, se trouve confrontée à deux drames : elle perd peu à peu la mémoire des mots, et son petit-fils, dont elle a la charge, a commis un acte abominable : viol en réunion d’une jeune fille qui s’est suicidée.

Les pères des autres garçons veulent étouffer l’affaire en proposant de l’argent à sa mère. Sans aucune violence, et avec l’aide de la poésie, Mija parvient à rétablir la justice, et à rendre au monde son harmonie perdue.

Ce film a reçu le « Regard d’or », décerné par le jury international et le prix de la FIPRESCI

Sin retorno, de Miguel Cohan – Argentine

Un jeune homme provoque accidentellement la mort d’un cycliste. Contrairement à l’héroïne de « Poetry », sa famille décide de le protéger coûte que coûte, s’entoure des meilleurs avocats, et accepte avec soulagement la condamnation d’un homme innocent.

On retrouve le même thème dans le film « Mother », de Joon-Ho Bong (Corée du Sud) – présenté hors compétition.

Ce film a reçu une mention spéciale du jury international.

Aftershock, film chinois de Feng Xiaogang.

Pendant le tremblement de terre de Tangshan, en 1976, une femme mère doit choisir lequel de ses jumeaux pourra être sauvé. Elle choisit le garçon. Toute sa vie, elle porte cette culpabilité, et le fils se sent coupable d’avoir été choisi. La fille, qui a miraculeusement survécu, vit dans une autre ville, et ne cherche pas à revoir sa mère. Elle découvre bien plus tard la cruauté de son attitude envers elle. Dans ce film à grand spectacle (spectaculaires images d’un tremblement de terre), la culpabilité écrase tous les personnages sans exception.

Les autres films de la sélection nous ont permis de découvrir la dure réalité de notre monde, dans des lieux et des milieux très divers.

Autumn, de Aamir Bashir – Inde.

Ce film évoque la vie sans avenir de jeunes qui vivent dans la région frontalière du Cachemire sous contrôle indien.

Il a reçu le prix de la FICC.

Bi, Dung So ! (Bi, n’aie pas peur !) de Fhan Dang Di – Vietnam.

La vie d’un petit garçon de six ans dans une famille très perturbée à Hanoï. Et ce qu’il découvre a vraiment de quoi faire peur ! Alcoolisme, violence, dureté du monde du travail …Le retour inattendu d’un grand-père malade lui apporte tout de même un peu de tendresse.

Fix me, de Raed Andoni – Palestine.

Voilà un film très original, plein d’humour et d’imagination. Le cinéaste, qui vit à Ramallah et ne peut en sortir, se met en scène lui-même : l’occupation de son pays lui donne la migraine, et il n’a pas envie de se battre comme tous ceux qui l’entourent. Il se sent faible, et revendique le droit de l’être. Alors il décide de consulter un psychiatre, et, en accord avec celui-ci, de filmer sa thérapie. Le spectateur suit Raed dans sa famille, avec ses amis, dans les monstrueux embouteillages de la ville enfermée, et à plusieurs reprises chez un médecin aux méthodes peu orthodoxes. Cette plongée dans une société opprimée et dans l’esprit d’un homme assez mal en point pourrait être éprouvante, mais le film reste relativement léger grâce à l’humour de son auteur. On a comparé Raed Andoni à Woody Allen.

Please, don’t disturb, de Mohsen Abdovahab – Iran

Voilà encore un film surprenant : une comédie iranienne !

Trois histoires distinctes nous permettent de découvrir les difficultés de la société iranienne : la violence conjugale, l’insécurité, les mariages mal assortis, les angoisses de l’âge mûr… Mais le spectateur est séduit par l’humour des situations et l’humanité des personnages.

Ce film a reçu le prix spécial du jury international.

Deux films sud-américains enfin :

Las marimbas del Infierno, de Julio Hernández – Guatemala

et

Miss Tacuarembo de Martin Sastre – Uruguay

emmènent le spectateur dans la fantaisie et le surréalisme. On y rencontre des personnages qui rêvent d’être musiciens, qui survivent en surmontant comme ils peuvent leurs difficultés. Leur vie est une suite d’échecs, mais leur imagination leur permet de rebondir encore et encore.

Nous avons décerné le prix du jury œcuménique à :

Los Colores de la Montaña de Carlos César Arbeláez – Colombie.

Avec les justifications suivantes :

Par les yeux du petit Manuel, ce film dénonce la situation de la population rurale colombienne. Pris en tenaille entre les forces paramilitaires et la guérilla, les familles vivent dans une insécurité croissante, qui les pousse à quitter leurs terres les unes après les autres.

Et pourtant, les jeux des enfants, leur solidarité, l’espérance apportée par une institutrice courageuse qui cherche à réserver un territoire de paix, expriment le rêve que la montagne puisse garder ses couleurs. Et Manuel réussit à emporter avec lui son ballon, symbole du lien avec son père assassiné, de l’amitié de ses camarades, de la vie qui pourra continuer ailleurs.

Hommage à Lita Stantic :

Le FIFF rendait cette année un hommage Lita Stantic, réalisatrice et productrice argentine très peu connue en France. Nous avons découvert une carrière entièrement consacrée au cinéma, et en particulier, à partir des années de dictature, au cinéma indépendant et militant. J’ai pu voir trois de ces films.

Mondo Grua de Pablo Trapero (1999)

Par des images d’une beauté formelle époustouflante, la description très noire du monde du travail en Argentine. Des personnages qui essaient de survivre dans des conditions épouvantables, exploités et méprisés.

Cordero de Dios de Lucia Cedron (2008)

Des années après la fin de la dictature, un fait divers crapuleux (l’enlèvement d’un vieil homme riche dans l’espoir d’une rançon) fait remonter à la surface les drames vécus pendant la dictature : dénonciations, non-dits, haines tenaces, et culpabilité à l’intérieur d’une famille. Plus de trente ans après les faits, les plaies ne sont toujours pas refermées.

Un muro de silencio de Lita Stantic elle-même (1993)

Là aussi, c’est un événement fortuit qui fait s’écrouler le « mur de silence » que les personnages ont bâti peu à peu pour pouvoir recommencer à vivre après les terribles événements du passé : l’arrivée d’une documentariste anglaise qui pose des questions pour réaliser un film sur la dictature. Nous découvrons avec elle l’horreur de ces années de tortures et de délations, et les traces qu’elles ont laissées en chacun des personnages.

Dans ces films aussi, la culpabilité des actions passées empêche les hommes de vivre en paix avec eux-mêmes. C’était décidément le thème majeur des films que nous avons pu voir cette année à Friburg.

Mais personne parmi nous n’a pu voir tous les films proposés en dehors de la compétition officielle !

Jury et Paulette Queyroy,

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