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Karamay

Mandarin 356 minutes, documentaire. Festival de Locarno 2010

Karamay @ Locarno, 2010

Voilà un film important qui a peu de chance, du moins dans sa forme actuelle, de passer dans nos salles. Qui a envie, a priori, d’aller voir un documentaire de plus de 6 heures ?

Et pourtant, c’est, je pense, le seul film de la sélection du festival de Locarno, où l’ensemble des spectateurs de la séance de presse sont restés jusqu’à la dernière ligne du générique, littéralement scotchés à l’écran.

Voilà les faits :

Le 8 déc. 1994, le parti communiste chinois organise un spectacle dans le « Palais de l’amitié », lors duquel les meilleurs élèves des écoles de la ville de Karamay produisent des chants et des danses en l’honneur des autorités politiques venues vérifier le succès du programme gouvernemental pour l’alphabétisation.

Les autorités régionales sont accueillies par les responsables locaux pour un banquet qui, selon la coutume, s’éternise. Ils arrivent complètement ivres et en retard de plusieurs heures au Palais, tandis que les 700-800 enfants et spectateurs attendent. Les surveillants, trop fainéants pour surveiller la porte d’entrée contre d’éventuels resquilleurs, ferment la grille métallique et bouclent les issues de secours. Entre temps les projecteurs sont en surchauffe et mettent en feu les rideaux ; les matériaux du bâtiment, mal construit, absolument pas aux normes de sécurité, ne résistent pas. Pendant les 10 minutes entre le moment où le feu se déclare et celui où il se propage, personne ne prend l’initiative d’organiser l’évacuation. Un responsable prend le micro pour dire aux enfants de rester sagement assis pour que les responsables puissent sortir sains et saufs. Pratiquement tous les dirigeants s’en sortent, alors que près de 300 élèves sont brûlés vifs. Leurs corps sont piétinés. Les pompiers arrivent 45 minutes plus tard, très mal équipés. Les cadres, une fois sortis, n’ont même pas eu l’idée de faire ouvrir la grille métallique qui bloquait les victimes à l’intérieur. Les soins médicaux sont insuffisants ; quelques survivants sont retrouvés à la morgue.

Presque plus que le deuil impossible, c’est le manque de reconnaissance qui afflige les familles. Elles n’ont jamais réussi à obtenir un certificat de décès, pourtant obligatoire pour toute inhumation, encore moins la reconnaissance de leurs enfants en tant que martyrs, ce que pourtant le gouvernement avait promis tout de suite après les faits. Après le drame, ayant perdu leur enfant, les familles ont le droit d’avoir un 2e enfant –mais comment l’élever quand on est déjà âgé ? La pension de martyrs les aiderait… Beaucoup de parents se sont suicidés, beaucoup de couples se sont brisés suite au deuil.

Un procès bâclé a inculpé quelques responsables mineurs, qui ont été ensuite libérés grâce à un certificat médical, et se sont vus attribuer un appartement et une retraite confortables.

Xu Xing filme les tombes, puis des déclarations des familles, en cachette car les participants à ces interviews expriment leur inquiétude quant au sort réservé à ce film et à son réalisateur.

Parmi les témoignages, poignants, je voudrais en transcrire quelques uns :

 

Waltraud Verlaguet

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