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Archive des éditos

Edito : décembre 2016

Symptômes

Pro-Fil nous enseigne la distanciation nécessaire pour analyser un film, voir les détails à l'image, repérer la technique de cette caméra qui travaille pour nous.

Lorsque cette vision distanciée est apprivoisée, on doit se rappeler la raison première qui nous a fait aimer le septième art.

C'est à Pro-Fil que j'ai appris le mot diégèse (merci Maguy) qui a ouvert tout un nombre de questions sur ma position de spectatrice ; du grec narration, ce mot utilisé par le philosophe Etienne Souriau explique la fiction :

Par exemple, l'écran montre l'espace reconstitué par la pensée du spectateur, c'est l'espace diégétique. La durée du film est le temps diégétique, où l'esprit reconstruit le temps de l'histoire qui nous est racontée.

Il y a donc le film qui est une histoire qui n'est pas la réalité, c'est une impression de réalité.

Et il y a moi, spectatrice qui reconstruit, par le prisme de mon cerveau, de mes sens et de mon imaginaire, cette réalité inventée.

Le cinéma serait-il une affaire de dédoublement ?

En prenant place dans la salle, j’accepte de lâcher prise pendant le temps de la séance, je m'implique avec tout mon bagage personnel et émotionnel et je suis comme un cobaye qui réagit aux stimuli des expériences. Je m'engage à être totalement réceptive.

Mais je ne veux pas que mon contrat de spectateur s'arrête à l'analyse du sens, je veux aussi laisser s'exprimer mes émotions. Le monde et les personnages que je viens de regarder me renvoient à ma propre histoire et je revendique leur effet sur ma vie. Un effet vengeur par procuration quand il nous libère des pulsions de violence, un effet libérateur quand il me montre un bel exemple de résistance.

J'ai digéré la diégèse.

Arielle Domon