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Au revoir là-haut ou le gardien de son frère

Le dernier film d'Albert Dupontel, "Au revoir là-haut", aurait pu n'être que le conte un peu fantastique ou la charge contre les profiteurs de guerre que met en scène la bande-annonce. Il a pourtant réussi à se hisser à la hauteur de l'intensité dramatique de l'ouvrage éponyme de Pierre Lemaitre.

Restituer cette folie furieuse qui se déroule au long des 600 pages du livre, qui jamais ne laissent leur lecteur en chemin, en un peu mois de 2h de cinéma était la première gageure réussie du film. La scène de guerre initiale est à cet égard un sommet dans le cinéma français, tant elle rend palpable à la fois l'instinct de survie et la vanité barbare tout en mettant parfaitement en place l'intrigue du film. Tout y est, les arnaques en miroir du capitaine Pradelle et du duo Albert/Édouard, l'insouciance de ces années folles où les vétérans sont oubliés, le destin des gueules cassées et la romance des sentiments, tout ce qui a motivé le Goncourt 2013 pour le livre se retrouve dans le film qui se construit cependant avec une grande liberté.Le réalisateur n'hésitant pas à livrer sa propre interprétation de la rencontre finale entre Édouard Péricourt et son père, un accident dans le livre, un suicide dans le film, ajoutant ainsi une nouvelle dimension à l'histoire.

Si Édouard se jette du haut du balcon après son étreinte avec son père, c'est sans doute parce que pour lui, tout est accompli. Bien que fabuleusement riche, il sait qu'il restera toujours un paria, obligé de se cacher derrière des masques, obligé de jouer, empêché de vivre. Il choisit de mourir et de laisser vivre son frère d'amitié, Albert en partance pour l'Afrique, il choisit de libérer celui qui l'a supporté depuis ce jour fatidique où Édouard a été défiguré en sauvant Albert.

Comme Édouard n'avait eu d'autre choix que de sauver Albert du trou où un obus l'avait enterré vivant, Albert n'a eu d'autre choix que de sacrifier sa propre existence à celle d'Édouard. Une différence essentielle demeure cependant. Alors que le geste initial d'Édouard est de l'ordre du spontané, de la nécessité vitale instantanée, sans réfléchir aux conséquences et alors que ce geste pouvait très bien ne pas avoir de suites funestes, le choix d'Albert est lui un choix sans cesse renouvelé et en toute connaissance de cause.

Les sacrifices moraux et personnels que doit faire Albert pour rester auprès d'Édouard sont les plus altruistes possibles. À tout moment, Albert pourrait renvoyer Édouard à son destin, le rendre à sa famille qui pourrait largement pourvoir à tous ses besoins, ses regrets mêmes sont parfaitement rendus. Pourtant il ne peux faire autrement parce qu'ainsi en a décidé sa conscience.

Parfait "gardien de son frère" même s'il n'est pas de son sang, Albert est l'exemple d'une fraternité humaine bien réelle qui n'a besoin d'aucun dieu pour s'imposer comme la seule éthique possible en temps de catastrophe.

Roland Kauffmann

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