logo



PROtestants et FILmophiles

PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain


ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS






Voir la page du festival sur le site d'Interfilm


Articles en ligne pour Leipzig 2007


Membres du jury interreligieux 2007
Archive

50e Festival international de Leipzig du Film documentaire et d'animation

29 oct. - 4 nov. 2007

www.dok-leipzig.de

Le prix du jury oecumenique a été décerné à :

Kamienna Cisza (Silence de pierre)

K. Kopczynski



Silence de pierre



réalisé par K. Kopczynski (Pologne, 2007)

Dans un village afghan, une femme mariée, adultère, a-t-elle été lapidée ? Par des images fascinantes, le film mène le spectateur à travers un labyrinthe de vérités et de mensonges, de non-dits et de contradictions. La communauté villageoise essaie d'échapper à la pression de la loi, de la religion et de la tradition. Dans sa quête prenante pour trouver la vérité, le film réussit à dépasser le contexte local et à poser de façon actuelle et provocante la question biblique : « Celui qui est sans péché, qu'il jette en premier la pierre sur elle. »

Commentaire de Jacques Vercueil, profilien, membre du jury Magnifique paysage de rochers et poussière des montagnes afghanes ; enfants et bourricots trottant sur un sentier au flanc géant d'une vallée ; maisons en terre et arbres en fleurs dans des jardinets-oasis : dans ce village, Amina, une femme mariée, a-t-elle été lapidée pour adultère ? Elle est morte d'un arrêt cardiaque, disent villageois et notables. Elle méritait de mourir, dit sa mère du fond de sa burka. Ce fut une lapidation, dit un magistrat. Le mari travaille en Iran, absent depuis six ans. Krzysztof Kopczynski, polonais, producteur et scénariste de nombreux documentaires, se trouvait en Afghanistan, enseignant le cinéma, quand une dépèche BBC signala un cas de lapidation (23 avril 2005) au village de Spin Gaw. Quelques jours pour rendre possible l'expédition, et le voilà sur place, réalisateur pour la première fois. Le labyrinthe des dénégations, contradictions, non-dits, mensonges et demi-aveux auquel il est confronté illustre les déchirements d'une société, depuis la famille et le village jusqu'aux magistrats et à la Commission nationale des droits de l'homme, face à sa responsabilité dans un acte collectif inhumain, et le poids effrayant du groupe sur ses membres. « Elle ne peut avoir été lapidée  », dit ce jeune uléma à lunettes, « car ceci n'est légal que si quatre témoins ont constaté l'engagement coïtal ! » Une seconde visite dix-huit mois plus tard permet au réalisateur de revenir sur le sujet. Autant les villageois étaient excités et loquaces, sinon véridiques, lors du premier passage, autant sont-ils réticents lors du second. « Que nous apportez-vous, en venant ici ? » demande un vieil uléma à Kopczynski. L'affaire, qui avait agité en son temps l'opinion internationale, est classée désormais. L'amant Karim qui s'était enfui, roué de coups, est rentré, profil bas. C'est sa mère enfin, saturée de mensonges, qui fait se craqueler le masque du déni, à l'effarement choqué de ses proches. Et dans une admirable dernière scène, la petite soeur (8 ans) d'Amina, harcelée par les adultes autour d'elle de questions et réponses sur son futur, nous laisse dubitatifs sur sa liberté dans la vie qui l'attend. Le film est riche en images superbes et fortes. Qui oubliera comment la mère d'Amina, pour montrer combien elle diffère de sa fille indigne, soulève en silence la prison bleue de sa burka ? Nous sommes pilotés fidèlement, ce qui ne veut pas dire clairement, parmi les camouflages d'une réalité qui restera incertaine - bien que chacun se soit fait facilement une conviction. Ce masque opposé au réalisateur occidental, le serait-il à tout autre ? Le Jury oecuménique a jugé que Kopczynski - aimablement sensible à ce « prix prestigieux » - a su faire percevoir par sa présence révélatrice les efforts, spontanés ou contraints, de cette communauté pour nier et oublier. « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il jette en premier la pierre contre elle. » N'avons-nous pas aussi, dans notre histoire de France, quelques placards encore enfouis dans la naphtaline ? Documentaire soumis comme tout autre à la tension entre éthique et réalité, Stone silence la résout de façon exemplaire en utilisant la réaction même de ses sujets à l'invasion investigatrice pour en faire la clef de la découverte du réel - non pas ici comment Amina est morte, mais comment les survivants survivent à cette mort. 


Le jury oecuménique 2007

Mentions légales

Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier

Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier
04 67 92 16 56 - secretariat@pro-fil-online.fr

Contact