logo



PROtestants et FILmophiles

PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain


ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS





L'auteur et scénariste (en collaboration avec Vanessa Taylor) : Guillermo del Toro.
Nationalité Mexicain
Naissance 9 octobre 1964 (Guadalajara - Mexique)

Guillermo del Toro a commencé comme élève d'un maquilleur américain de cinéma réputé en particulier pour son travail sur L'Exorciste de William Friedkin (1973), Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Ces débuts marqueront le parcours du réalisateur jusqu'à nos jours, en particulier, pendant 10 ans, sa société de production créera des effets spéciaux pour des films mexicains.

Les acteurs : Sally Hawkins :Elisa Esposito ; Michael Shannon : Richard Strickland ; Richard Jenkins : Giles ; Octavia Spencer : Zelda Fuller ; Michael Stuhlbarg : Dr. Robert Hoffstetler ; Doug Jones : L’Amphibien

Résumé : La période se situe aux alentours des années 60, Elisa, femme de ménage muette d'un laboratoire gouvernemental aux recherches ultra secrètes, découvre un être étrange dans une piscine. Elle entreprend de le conquérir, le nourrissant d’œufs durs et de musique.

Le film a obtenu le Lion d'Or à Venise et l'Oscar du meilleur réalisateur.


Fable du magicien et de l'enchanteur

A propos de La forme de l'eau

Le thème du film La forme de l'eau est certes fondamental, le réalisateur a voulu parler de ce qui lui tenait à cœur : le sentiment d'humanité et le respect de la la différence, mais la forme (scénario, photographie, mise en scène, personnages) et la musique plongent le spectateur dans un sortilège.

Avec son premier long métrage, Cronos, Guillermo dévoile déjà son goût pour les personnages fantastiques et fait son entrée au Festival de Cannes en 1993. Le scénario du film raconte le voyage dans le temps d'un scarabée d'or mécanique promettant l'éternité à son possesseur... qui deviendra vampire. Les maquillages y sont impressionnants. En 2006 le réalisateur est de nouveau à Cannes avec, cette fois-ci, un conte de fée hispano-mexicain : Le Labyrinthe de Pan. Le capitaine Vidal, méchant beau-père d'Ofelia, traque les franquistes pendant la guerre d'Espagne. La petite fille se réfugie dans un monde imaginaire en compagnie d'un faune.

Pour son film le plus récent, La forme de l'eau, il va plus loin encore dans la fable : Elisa, jeune muette qui nettoie le sol du laboratoire, tombe amoureuse d'un monstre aquatique. Guillermo del Toro raconte qu'à 6 ans il a vu l'Etrange créature du Lac Noir (1954) de Jack Arnold qui narre l'histoire d'un amphibie amazonien amoureux d'une jeune scientifique venue l'étudier. Il a été désespéré par la fin avec la mort de la bête. Le film, en noir et blanc, montre le même personnage aquatique que La forme de l'eau et 46 ans après Guillermo del Toro répare cette erreur du scénario de Jack Arnold.

Les images sombres de Cronos, sont oubliées dans La forme de l'eau : pour le réalisateur, le vert est la couleur de la réalité, de l'eau de l'Amphibie, le rouge celle de l'amour, du bonheur. Dans le film du bleu acier mélangé au vert domine avec du rouge pour Elisa vers la fin. Guillermo del Toro a travaillé 6 mois avec plusieurs artistes sur les couleurs et réalisé de nombreux dessins pour déterminer une palette. L'importance qu'il accorde à ce travail est illustré dans le film par la scène du vendeur de Cadillac avec Richard Strickland, le sadique directeur du laboratoire, qui refuse une voiture verte parce qu'il n'aime pas le vert, mais se laisse convaincre qu'elle est 'sarcelle' et finit par l'acheter.

Guillermo del Toro affirme que l'eau, en s'adaptant à toutes les formes de contenants est l'image de la vie où chacun doit s'adapter à son environnement : au début du film, dans l'appartement inondé d'Elisa, les meubles se déplacent entre deux eaux et la musique s'égrène, comme des bulles d'air jouant avec le liquide. Le réel et la fable s’entremêlent comme dans la vie. Le personnage d'Elisa et ses fantasmes rappelle celui du Fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet (2001), et celui des Aventures prodigieuses d'Adèle Blancsec de Luc Besson (2010), jeunes femmes solitaires, qui n'ont pas peur de prendre des risques pour servir une cause.

La fluidité des mouvements de caméra a inspiré Alexandre Desplats dans sa composition. Le musicien est connu pour ses brillantes collaborations avec, par exemple Wes Anderson (The grand Budapest Hôtel), Jacques Audiard (De rouille et d'os), Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty), Stephen Frears (Philomena), Terrence Malick (The tree of life), Roman Polanski (La Vénus à la fourrure) et ses nombreuses récompenses, en particulier l'Oscar de la meilleure musique pour La forme de l'eau. Ses instruments, à l'origine : le piano, la trompette, puis la flûte traversière. Mais, boulimique de films et émerveillé par la musique de John Williams pour Star Wars, il se décide à composer pour le cinéma. Il a assisté à l'enregistrement de La forme de l'eau, car pour lui la prise de vue joue la partie solo de l'orchestre : « La caméra doit se mouvoir avec la musique comme un instrument de l'orchestre et dans le même ton, les transitions doivent être naturelles. » Le Thème de l'eau au début est rendu par des arpèges suggérant des vagues et, dans l'Air d'Elisa, le compositeur exécute un solo en sifflant, accompagné par l'orchestre. Sa musique, toujours discrète, s'amplifie et se retire comme une marée, suivant le rythme des événements.

Le laboratoire, les blouses ternes de ses employés, ses plafonds bas oppressants, ses multiples zones d'ombre, les cris déchirants de l'amphibie torturé (obtenus pas un mixage de musique et de chants de baleine) s'opposent aux couleurs de la vraie vie, de l'appartement d'Elisa aux peintures de Gilles, et au rouge-passion du cinéma déserté à l'étage au-dessous.

Nicole Vercueil

Autres articles sur ce film

  • La forme de l'eau ou l'amour de la limite ? (R. Kauffmann)
  • Emission Champ Contrechamp du 27 mars 2018 (J. Lods, F. Lods, J. Zucker et J. Champeaux)
  • La forme de l'eau (The Shape of Water) (J. Vercueil)
  • Les dernières tendances vénitiennes (J. Champeaux)

    Mentions légales

    Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier

    Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier
    04 67 92 16 56 - secretariat@pro-fil-online.fr

    Contact