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Télécharger le pdf de l'article paru dans ENSEMBLE TEMOIGNONS N° 22 décembre 2013, page 4 (journal commun aux trois églises réformées Bourdeaux, Dieulefit, La Valdaine)


Lutter contre l'exclusion

Depuis le livre de René Lenoir, Les exclus – un Français sur dix, écrit en 1973 et publié en 1974, l’exclusion est devenue un sujet de société d’autant plus préoccupant que ce mal s’aggrave d’année en année. La solidarité diminue, les égoïsmes grandissent, la violence éclate, les migrants se pressent aux frontières. Dans les pays industriels on vit mieux mais de nombreux handicaps (grand âge, accidents de toutes sortes, infirmités et maladies) multiplient les besoins de soins et d’accompagnements.
Au cinéma, de nombreux films nous rendent témoins de mauvaises rencontres, de peurs, de misère, de violences… ou bien, au contraire, de rencontres providentielles et d’espoir. Souvenons-nous du Vagabond Charlot et de l’enfant perdu, (Le Kid, 1921) ou de la fleuriste aveugle (Les Lumières de la Ville, 1931).

Beaucoup de films que nous avons discutés en groupe dans le cadre de l’association Pro-Fil peuvent se rattacher à l’exclusion. Voici simplement quelques souvenirs qui m’ont frappé. J’ai ajouté des précisions pêchées dans l’internet.
Va, vis et deviens, film franco-Israélien de Radu Mihaileanu sorti en 2005. Ce film nous avait laissé un merveilleux souvenir: drame de l’exil, rebondissements nombreux, dénouement apparemment heureux. Dans un camp de réfugiés éthiopiens au Soudan, une mère, chrétienne, pousse son fils à se faire passer pour Juif afin de survivre, et le contraint de la sorte à mentir sa vie durant. Ni Juif, ni orphelin, il est intégré dans une famille israélienne qui ne se doute de rien. Happy end : devenu médecin, le héros ;retrouve sa maman de façon assez miraculeuse, vingt ans plus tard dans un camp qui paraît être celui qu’il a quitté enfant. L’internet m’apprend aujourd’hui que ce film repose sur l'histoire vraie des Falashas immigrés en Israël où ils peinent à se faire accepter à cause de la couleur de leur peau et du refus du rabbinat ashkénaze de reconnaître leur judéité. Exclus doublement.

Un autre film me revient en mémoire : Quatre mois, trois semaines et deux jours du Roumain Cristian Munglu, sorti en 2007. Les terribles dangers courus par une jeune Roumaine décidée à avorter clandestinement durant la dictature de Ceaucescu des années 90 qui l’interdit. C’est avec ce film, présenté à Dieulefit par Jean et Arlette Domon, le 3 octobre 2007, que notre groupe Pro-Fil a démarré. Un avortement clandestin sordide, le soutien courageux de la copine impliquée, la misère et la corruption généralisée: l’exclusion des « coupables » par le Pouvoir. Je ne me souviens plus de la fin de l’histoire, elle était peut-être ouverte à des interprétations diverses avec un espoir de vie meilleure. 

Un prophète de Jacques Audiard sorti en 2008, grand prix du jury au festival de Cannes 2009. En prison, l’exclusion du petit délinquant par les grands criminels qui l’utilisent et qui se font éliminer à leur tour, sous les yeux de gardiens complices ou terrifiés. Le petit devient grand, sur fond de rivalités entre maffieux corses et bandes maghrébines. Film poignant, transformant finalement l’affreux meurtrier en amoureux sincère et jeune papa (mais maffieux… pour toujours ?)

L’exclusion des migrants sans papiers: Welcome de Philippe Lioret, film français au titre trompeur: le jeune migrant Kurde veut rejoindre son amie Mina en Angleterre en traversant la Manche à la nage. Film sorti en 2009, grand succès, nombreuses nominations aux Césars 2010. A l’occasion de ce film les députés ont examiné, et rejeté, une proposition de loi visant à dépénaliser le délit de solidarité.

L’exclusion familiale par un père ultra-autoritaire persuadé qu’il agit au nom de Dieu.

Deux exemples : Le ruban blanc de Michael Haneke, Palme d’or 2009, père presque sadique, mère effacée, tout le village est étouffant d’hypocrisie.

My father, my Lord, film de Daniel Volach, israélien. Le père est un rabbin toujours plongé dans ses livres pieux. Il n’admet pas que son petit garçon ramène un poisson ou oisillon à la maison, la torah l’interdit. Le petit garçon se noiera, la maman précipite les livres religieux sur le père désespéré.

Amour, de Michael Haneke, Palme d’Or en 2012 et nombreuses récompenses en 2013, performance d’Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, tous deux octogénaires. Comment s’aimer encore quand le cerveau est atteint au point de ne plus se reconnaître l’un l’autre.

Exclusion par la vieillesse, les maladies mentales, les handicaps moteurs, de nombreux films pourraient être cités.

Pour terminer sur un film récent, je dirai deux mots d’un film que je n’ai pas pu voir, nous venons d’en parler en réunion:

Jimmy P. (psychothérapie d’un Indien des plaines) de Arnaud Desplechin, sorti en septembre 2013. L’Indien, Américain ayant combattu en France pendant la guerre est admis dans un hôpital militaire du Kansas, presque muet. Diagnostic : schizophrénie. La direction de l’hôpital décide toutefois de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux. Ce n’est pas une psychothérapie classique, mais la rencontre de deux hommes fondée sur le désir de connaître l’autre en vérité, réciproquement et sur un pied d’égalité fraternelle. Il me plait de terminer ainsi cette petite liste de films qui illustrent notre sujet.

Daniel Saltet

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